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Chapitre XXI
Où l'on verra un pape payer ses frais d'excommunication.

L'armée marchait toujours.
Comme tout chemin mène à Rome, à plus forte raison le chemin d'Avignon mène en Espagne.
Les aventuriers suivaient donc avec confiance le chemin d'Avignon.
C'est là que tenait sa cour le pape Urbain V, qui, bénédictin d'abord, puis abbé de Saint-Germain d'Auxerre et prieur de Saint-Victor de Marseille, avait été élu pape sous la condition qu'il ne troublerait en rien dans leur béatitude terrestre les cardinaux et les princes romains, condition qu'il s'était empressé de suivre aussitôt son élection, dans toute sa bénigne rigidité, et grâce à laquelle il comptait se faire des droits à mourir le plus tard possible en odeur de sainteté, ce à quoi il réussit.
On se rappelle que le successeur de saint Pierre avait été touché des plaintes du roi de France à l'endroit des Grandes compagnies, et qu'il avait excommunié ces Grandes compagnies, chef-d'oeuvre de politique dont le roi Charles V, dans son intelligente prévision de l'avenir, avait fait sentir à Duguesclin le côte désagréable, ce qui, depuis l'entrevue du prince avec son connétable, avait laissé dans l'esprit de ce dernier un vif désir de remettre les choses dans leur état normal.
Or, cette idée illuminatrice qui était venue à Bertrand sur la grande route de Châlon à Lyon, par ce beau coucher de soleil dont nous n'avons dit qu'un seul mot, préoccupé que nous étions nous-mêmes par la taciturnité du bon connétable, c'était d'aller avec ses cinquante mille aventuriers, plus ou moins, comme avait dit Caverley, rendre une visite au pape Urbain V.
Cela tombait d'autant mieux qu'à mesure que les aventuriers approchaient des Etats de ce pontife, à qui, quelque inoffensive qu'eût été l'excommunication, ils n'en avaient pas moins gardé rancune, ils sentaient se réveiller leurs instincts belliqueux et féroces.
Il y avait aussi, en vérité, trop de temps qu'ils étaient sages.
Quand on fut arrivé à deux lieues de la ville, Bertrand ordonna une halte, rassembla les chefs, et leur commanda d'élargir le front de leur troupe de manière à ce qu'un front imposant ceignît la ville, en formant un arc immense dont le fleuve serait la corde.
Puis, montant à cheval avec une douzaine d'hommes d'armes et de cavaliers français qui formaient sa suite, il alla se présenter à la porte de Vaucluse, demandant à parler au souverain pontife.
Urbain, sentant venir cette foule de brigands comme on voit venir une inondation, avait réuni son armée, composée de deux ou trois mille hommes, et connaissant toute la valeur de son arme principale, il se disposait à appliquer un coup suprême des clefs de saint Pierre sur la tête des aventuriers.
Mais, il faut le dire, le fond de sa pensée était que les brigands, éperdus de leur excommunication, venaient lui demander grâce et lui offrir de racheter leurs péchés par quelque nouvelle croisade, se fiant à leur nombre et à leur force pour faire valoir l'humilité de leur soumission.
Il vit accourir le connétable avec un empressement qui le surprit beaucoup. Justement en ce moment même il dînait sur sa terrasse, tout ombragée d'orangers et de lauriers roses, en compagnie de son frère le chanoine Angélo Grinvald, promu par lui à l'évêché d'Avignon, l'un des principaux sièges de la chrétienté.
- Vous, messire Bertrand Duguesclin ! s'écria le pape. Vous ! Etes-vous donc avec cette armée qui nous arrive tout à coup sans que nous sachions d'où elle vient et pour quelle chose elle vient ?
- Hélas ! très saint-père, hélas ! je la commande, dit le connétable en s'agenouillant.
- Alors, je respire, dit le pape.
- Oh ! oh ! moi aussi, ajouta Angélo en dilatant sa poitrine par un large et joyeux soupir.
- Vous respirez, très saint-père ? dit Bertrand.
Et il poussa à son tour un soupir triste et pénible comme s'il eût hérité de l'oppression pontificale.
- Et pourquoi respirez-vous ? continua-t-il.
- Je respire parce que je connais leurs intentions.
- Je ne crois pas, dit Bertrand.
- Avec un chef comme vous, connétable, avec un homme qui respecte l'Eglise.
- Oui, très saint-père, oui, je respecte l'Eglise, dit le connétable.
- Et donc ! cher fils, soyez le bienvenu alors. Mais que me veut cette armée, voyons ?
- Avant tout, dit Bertrand, éludant la question et retardant l'explication autant qu'il est en son pouvoir, avant tout, Votre Sainteté apprendra avec plaisir, je n'en doute pas, qu'il s'agit d'une rude guerre contre les Infidèles.
Urbain V jeta à son frère un coup d'oeil qui voulait dire :
- Eh bien ! je me suis trompé !
Puis, satisfait de cette nouvelle preuve de cette infaillibilité qu'il venait de se donner à lui-même, il se retourna vers le connétable.
- Contre les Infidèles, mon fils ? dit-il avec onction.
- Oui, très saint-père.
- Et contre lesquels, mon fils ?
- Contre les Mores d'Espagne.
- C'est une salutaire pensée, connétable, et digne d'un héros chrétien, car je présume que c'est vous qui l'avez eue.
- Moi, et le bon roi Charles V, très saint-père, répondit Bertrand.
- Vous en partagerez la gloire, et Dieu saura faire la part de la tête qui l'a conçue et du bras qui l'a exécutée. Ainsi votre but...
- Notre but, et Dieu permette qu'il soit atteint ! notre but est de les exterminer, très saint-père, et de consacrer la majeure partie de leurs dépouilles à la glorification de la religion catholique.
- Mon fils, embrassez-moi, dit Urbain V, touché jusqu'au coeur, et pénétré d'admiration pour la vaillante épée qui se mettait ainsi au service de l'Eglise.
Bertrand récusa un si grand honneur et se contenta de baiser la main de Sa Sainteté.
- Mais, reprit le connétable après une pause d'un instant, vous ne l'ignorez pas, très saint-père, ces soldats que je commande, et qui vont à un pèlerinage si héroïque, ces soldats sont les mêmes que Sa Sainteté a cru devoir excommunier il n'y a pas longtemps.
- J'avais raison en ce temps-là, mon fils, et je crois même qu'en ce temps là vous avez été de mon avis.
- Votre Sainteté a toujours raison, dit Bertrand, éludant l'apostrophe ; mais enfin, ils sont excommuniés, et je ne vous cacherai pas, très saint-père, que cela fait un détestable effet à l'égard des gens qui vont combattre pour la religion chrétienne.
- Mon fils, dit Urbain en vidant lentement son verre rempli d'un Monte- Pulciano doré qu'il affectionnait par-dessus tous les vins, et par-dessus même ceux qui poussent sur les côteaux du beau fleuve dont les eaux baignent les murs de sa capitale ; mon fils, l'Eglise, telle que je la veux, n'est pas, vous le savez bien, intolérante ni implacable ; à tout péché miséricorde, surtout quand le pécheur se repent avec sincérité, et si vous, un des piliers de la foi, vous vous portez garant de leur retour à l'orthodoxie.
- Oh ! certes oui, très saint-père.
- Alors, dit Urbain, je révoquerai l'anathème, et je consentirai à laisser peser sur eux seulement une partie du poids de ma colère, pleine d'indulgence, comme vous le voyez, mon fils, continua le pape on souriant.
Bertrand se mordit les lèvres on songeant à quel point Sa Sainteté s'enfonçait de plus en plus dans l'erreur.
Urbain continua avec une voix pleine de mansuétude, et qui cependant n'était pas exempte de cette fermeté qui sied bien à celui qui pardonne, mais qui, tout on pardonnant, sait la gravité de l'offense qu'il veut bien oublier.
- Vous comprenez, mon cher fils, ces gens-là ont amassé des richesses impies, et, comme le dit l'Ecclésiaste :
Omne malum in pravo fenore.
- Je ne sais point l'hébreu, très saint-père, répondit Bertrand avec humilité.
- Aussi vous parlais-je en simple langue latine, mon fils, répondit en souriant Urbain V ; mais j'oubliais que les guerriers ne sont pas des bénédictins. Voici donc la traduction des paroles que je vous ai dites, et qui, vous le verrez, s'adaptent merveilleusement à la situation.
          « Toute calamité est contenue dans un bien mal acquis. »
- Que c'est beau ! dit Duguesclin, souriant dans sa barbe épaisse du tour que le proverbe allait peut-être jouer à Sa Sainteté.
- Donc, continua Urbain, j'ai bien décidé, et cela par égard pour vous, mon fils, pour vous seul, je le jure, que ces mécréants, car ce sont des mécréants, croyez-moi, bien qu'ils se repentent, que ces mécréants, dis-je, souffriraient une dîme sur leurs biens, et moyennant ce dommage, seraient relevés de leur excommunication. Maintenant, vous le voyez, quoique j'agisse spontanément et sans même être pressé par vous, vantez-leur bien la faveur que je leur fais, cher fils, car elle est immense.
- Elle est immense, en effet, répondit Bertrand agenouillé, et je doute qu'ils la reconnaissent comme elle mérite de l'être.
- N'est-ce pas ? reprit Urbain. Eh bien ! voyons, mon fils, à quelle somme allons-nous fixer la dîme du rachat ?
Et Urbain se tourna, comme pour l'interroger sur cette délicate et grave question, vers son frère, qui apprenait là mollement son métier de pape futur.
- Très saint-père, répondit Angélo en se renversant dans son fauteuil et en secouant la tête, il faudra bien de l'or temporel pour compenser la douleur de vos foudres spirituelles.
- Sans doute, sans doute, reprit Urbain, mais nous sommes clément, et il faut le dire, tout nous invite à la clémence. Le ciel est si beau dans ce pays d'Avignon, l'air est si pur quand le mistral veut bien laisser oublier qu'il existe dans les cavernes du mont Ventoux, que tous ces bienfaits du Seigneur annoncent aux hommes la miséricorde et la fraternité. Oui, ajouta le pape, en tendant une coupe d'or à un jeune page vêtu de blanc, qui la remplit aussitôt, oui, les hommes sont bien décidément frères.
- Permettez, très saint-père, dit alors Bertrand, j'ai oublié de dire à votre sainteté en quelle qualité j'étais venu ici. Je suis venu en qualité d'ambassadeur de ces braves gens dont il s'agit.
- Et comme tel, vous nous demandez notre indulgence, n'est-ce pas ?
- D'abord, oui, très saint-père, votre indulgence est toujours une excellente chose pour nous autres pauvres soldats, qui pouvons être tués d'un moment à l'autre.
- Oh ! cette indulgence-là, vous l'avez, mon fils. Nous voulions parler de notre miséricorde, ou de notre pardon, si vous l'aimez mieux.
- Nous y comptons bien aussi, très saint-père.
- Oui ; mais vous savez à quelles conditions nous pouvons vous l'accorder.
- Hélas ! reprit Duguesclin, condition inacceptable, souverain pontife ; car Votre Sainteté oublie ce que l'armée va faire en Espagne.
- Ce qu'elle va faire en Espagne !...
- Oui, très saint-père, je croyais vous avoir dit qu'elle allait combattre pour l'Eglise chrétienne.
- Eh bien ?
- Eh bien ! elle a droit, partant pour cette mission sainte, non seulement à tout pardon et à toute indulgence de Votre Sainteté, mais encore à son aide.
- Mon aide ! messire Bertrand, répondit Urbain, qui commençait à prendre une certaine inquiétude ; qu'entendez-vous par ces paroles, mon fils ?
- J'entends, très saint-père, que le siège apostolique est généreux, qu'il est riche, que la propagation de la foi lui sert beaucoup, et qu'il peut payer pour son intérêt.
- 0à, que dites-vous là, messire Bertrand ? interrompit Urbain, se soulevant sur son fauteuil avec une colère mal dissimulée.
- Sa Sainteté m'a parfaitement compris, je le vois, répliqua le connétable en se relevant et en brossant ses genoux.
- Non pas, s'écria le pape, qui, au contraire, tenait à ne pas comprendre, non pas, expliquez-vous.
- Voici, très saint-père : les illustres soldats, un peu mécréants, c'est vrai, mais fort repentants, que vous voyez d'ici, nombreux comme les feuilles des forêts et comme les sables de la mer, – la comparaison est tirée des livres saints, – je crois, – les illustres soldats que vous voyez d'ici, dis-je, sous les ordres du seigneur Hugues de Caverley, du Chevalier-Vert, de Claude l'Ecorcheur, du Bègue de Vilaine, d'Olivier de Mauny et autres valeureux chevaliers, attendent de Votre Sainteté un subside pour entrer en campagne. Le roi de France a promis cent mille écus d'or ; c'est un prince très chrétien, et qui mérite d'être canonisé certainement, ni plus ni moins qu'un pape. Or, Votre Sainteté, qui est la clef de voûte de la chrétienté, pourra bien donner deux cent mille écus, par exemple.
Urbain fit un nouveau bond sur son fauteuil. Mais cette élasticité dans les muscles du saint-père, élasticité qui ne pouvait venir que d'une surexcitation nerveuse, ne déconcerta point Bertrand, qui resta dans la même attitude respectueuse, mais ferme.
- Messire, dit Sa Sainteté, je vois qu'on se gâte dans la société des brigandeaux, et certaines gens que je ne nommerai pas, et qui ont joui jusqu'à présent des faveurs du Saint-Siège, eussent été mieux payés selon leur mérite, à ce qu'il me semble, s'ils en eussent subi les rigueurs.
Ce mot terrible, dont le pape attendait un grand effet, laissa, au grand étonnement d'Urbain V, le connétable impassible.
- J'ai, continua le saint-père, six mille soldats.
Bertrand remarqua à part lui qu'Urbain V mentait juste de moitié comme Hugues de Caverley et le Vert-Chevalier, ce qui lui parut, malgré l'urgence de la situation, un peu bien hasardé pour un pape.
- J'ai six mille soldats dans Avignon, et trente mille habitants en état de porter les armes.
Cette fois, Urbain ne mentait que d'un tiers.
- En état de porter les armes, la ville est fortifiée, et puis n'y eût-il ni remparts, ni fossés, ni piques, j'ai la tiare de saint Pierre au front, et j'arrêterai seul, avec l'invocation de Dieu, des barbares moins courageux que n'étaient les soldats d'Attila que le pape Léon arrêta devant Rome.
- Eh ! très saint-père, réfléchissez-y. Les armes spirituelles et temporelles réussissent mal aux vicaires du Christ contre les rois de France, qui sont les fils aînés de l'Eglise. Témoin votre prédécesseur Boniface VIII, qui reçut, Dieu me garde d'excuser une pareille audace ! qui reçut, dis-je, un soufflet de Colona, et qui mourut en prison après s'être dévoré les poings. Vous voyez déjà à quoi l'excommunication vous a servi, puisque ceux que vous avez excommuniés, au lieu de fuir et de se disperser, se sont réunis au contraire pour vous venir demander pardon à main armée. Quant aux armes temporelles, c'est bien peu de chose que six mille soldats et vingt mille bourgeois inhabiles ; en tout vingt-six mille hommes, et encore en comptant chaque bourgeois comme un homme, contre cinquante mille guerriers éprouvés, ne craignant ni Dieu ni diable, et beaucoup plus habitués aux papes que ne l'étaient les soldats d'Attila, qui voyaient un pape pour la première fois ; c'est à ce dernier point surtout que je supplie Sa Sainteté de penser avant qu'elle ne se présente aux aventuriers.
- Ils oseraient ! s'écria Urbain l'oeil étincelant de colère.
- Saint-père, je ne sais ni si ils oseraient, ni ce qu'ils oseraient ; mais ce sont des gaillards bien hardis.
- L'oint du Seigneur ! les malheureux !... des chrétiens !...
- Permettez, permettez, très saint-père ; ce ne sont point des chrétiens, ce sont des excommuniés... Que voulez-vous qu'ils ménagent ces gens-là ?... Ah ! s'ils n'étaient pas excommuniés, ce serait autre chose : ils pourraient craindre l'excommunication ; mais maintenant ils ne craignent rien.
Plus l'argument était fort, plus croissait la colère du pape ; il se leva tout à coup et marcha vers Bertrand.
- Vous qui me donnez cet avis étrange, lui dit-il, vous vous croyez donc bien en sûreté ici !
- Moi, dit Bertrand avec une tranquillité qui eût démoralisé saint Pierre lui-même, je suis bien plus en sûreté ici que Votre Sainteté elle-même ; car en admettant, ce que je ne suppose pas, qu'il m'arrive quelque malheur, je puis répondre d'avance qu'il ne resterait pas pierre sur pierre de la bonne ville d'Avignon, ni du magnifique palais que vous venez de faire bâtir, si solide qu'il soit.
Oh ! ce sont de fiers démolisseurs que ces coquins-là, et qui vous émiettent une forteresse en aussi peu de temps qu'il en faudrait à une armée régulière pour renverser une bicoque ; puis ils ne se borneraient point là : après avoir passé de la ville au château, ils passeraient du château à la garnison, et de la garnison aux bourgeois, et il ne resterait pas os sur os de vos trente mille hommes, ce qui ferait bien des âmes perdues par la faute de Votre Sainteté ; aussi, sachant combien Votre Sainteté est prudente, je me trouve plus en sûreté ici que dans mon camp.
- Eh bien ! s'écria le pape furieux et rongeant le frein que lui mettait le connétable ; eh bien ! je persiste : j'attendrai.
- En vérité, très saint-père, dit Bertrand, je vous jure ma foi de gentilhomme que je ne reconnais pas Votre Sainteté à ce refus ; j'étais convaincu, moi, je me trompais à ce que je vois, j'étais convaincu que Votre Sainteté irait au-devant du sacrifice que la foi lui commande, et que, suivant l'exemple donné par le bon roi Charles V, les deux cent mille écus seraient offerts par le Saint-Siège apostolique. Croyez-moi, très saint-père, ajouta le connétable en prenant un air très peiné, c'est bien douloureux pour un bon chrétien comme moi, de voir le premier prince de l'Eglise refuser son assistance à une pieuse entreprise comme celle que nous poursuivons. Jamais ces dignes chefs ne voudront le croire.
Et saluant plus humblement que jamais Urbain V, stupéfait de l'événement inattendu auquel il allait falloir faire face, le connétable sortit presque à reculons de la terrasse, descendit l'escalier, et retrouvant à la porte du palais sa suite, qui commençait à n'être pas sans inquiétude sur son compte, il reprit le chemin du camp.

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