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Chapitre XIII
Comment le chevalier aragonais se racheta moyennant dix mille écus d'or.

Le capitaine Caverley suivait fort attentivement des yeux la conversation des deux étrangers : mais l'Espagnol avait tiré Agénor assez loin de l'aventurier pour que pas une des paroles prononcées par eux ne pût arriver jusqu'à lui.
- Sire chevalier, dit l'inconnu, nous voici hors de la portée de la voix, mais non pas hors de la portée des yeux : baissez donc, je vous prie, la visière de votre casque, afin de vous rendre impassible et inintelligible pour tous ceux qui vous entourent.
- Et vous, seigneur, dit Agénor, laissez-moi encore, avant que vous baissiez la vôtre, contempler quelques instants votre visage ; croyez-moi, j'éprouve à vous voir une douloureuse joie que vous ne pouvez comprendre.
L'inconnu sourit tristement.
- Sire chevalier, dit-il, regardez-moi tout à votre aise, car je ne baisserai pas ma visière. Quoique j'aie à peine cinq ou six ans de plus que vous, j'ai assez souffert pour être sûr de mon visage : c'est un serviteur obéissant qui ne dit jamais que ce que je veux qu'il dise, et s'il vous rappelle les traits de quelque personne aimée, tant mieux, ce sera pour moi un encouragement à vous demander un service.
- Parlez, dit Agénor.
- Vous paraissez au mieux, chevalier, dans l'esprit du bandit qui nous a faits prisonniers. Il n'en est pas de même de moi, à ce qu'il paraît ; tandis qu'il me retient obstinément, il vous permet à vous de continuer votre route.
- Oui, seigneur, répondit Agénor, surpris de voir que, depuis qu'il causait à l'écart, l'Espagnol, tout en conservant encore un léger accent, parlait le français le plus pur.
- Eh bien ! dit l'Aragonais, quel que soit votre besoin de continuer votre route, le mien n'est pas moins grand ; et il faut à quelque prix que ce soit, que je sorte des mains de cet homme.
- Seigneur, dit Agénor, si vous me jurez que vous êtes chevalier, si vous me donnez votre parole, je puis à mon tour engager mon honneur près du capitaine Caverley pour qu'il vous laisse partir avec moi.
- Et c'est, s'écria l'étranger joyeux, c'est justement là le service que j'allais vous prier de me rendre. Vous êtes aussi intelligent que courtois, chevalier.
Agénor s'inclina.
- Ainsi donc vous êtes noble ? demanda-t-il.
- Oui, sire Agénor ; et je puis même ajouter que peu de gentilshommes peuvent se vanter d'être plus nobles que moi.
- Alors, dit le chevalier, vous avez un autre nom que celui que vous vous êtes donné ?
- Oui, certainement, répondit le chevalier ; mais voici justement en quoi votre courtoisie sera grande ; il faut que vous vous contentiez de ma parole sans savoir mon nom, car ce nom, je ne puis le dire.
- Même à un homme dont vous invoquez l'honneur, même à un homme à qui vous demandez de répondre de vous ? dit Agénor avec surprise.
- Sire chevalier, reprit l'inconnu, je me reproche cette circonspection comme indigne de vous et de moi ; mais de graves intérêts, qui ne sont pas seulement les miens, la commandent. Obtenez donc ma liberté à tel prix que vous voudrez, et quel que soit ce prix, foi de gentilhomme ! je le paierai. Puis, si vous voulez me permettre d'ajouter un mot, ce sera pour vous dire que vous ne vous repentirez pas de m'avoir obligé en cette occasion.
- Assez, assez, seigneur, dit Mauléon, demandez-moi un service, mais ne me l'achetez pas d'avance.
- Plus tard, sire Agénor, dit l'inconnu, vous apprécierez ma loyauté, qui me force à vous parler ainsi ; j'aurais pu mentir momentanément et vous dire un faux nom ; vous ne me connaissez pas, force eût donc été pour vous de vous en contenter.
- J'y songeais à l'instant même, reprit Mauléon. Vous serez donc libre en même temps que moi, seigneur, si le capitaine Hugues de Caverley a bien voulu me conserver ses bonnes grâces.
Agénor quitta l'étranger qui demeura à la même place, et retourna près de Caverley qui attendait impatiemment le résultat de la conversation.
- Eh bien ! demanda le capitaine, êtes-vous plus avancé que moi, mon cher ami, et savez-vous quel est cet Espagnol ?
- Un riche marchand de Tolède qui vient commercer en France, et qui prétend que sa détention lui causerait un notable préjudice. Il réclame ma caution, l'acceptez-vous ?
- Etes-vous prêt à la donner ?
- Oui. Ayant partagé un instant sa situation, j'ai dû naturellement y compatir. Voyons, capitaine, soyons rond en affaires.
Caverley se consulta.
- Un marchand riche, continua-t-il ; et qui a besoin de sa liberté pour continuer son commerce...
- Monsieur, glissa Musaron à l'oreille de son maître, je crois que vous venez de dire là une parole imprudente.
- Je sais ce que je fais, répondit Agénor.
Musaron s'inclina, en homme qui rend hommage à la prudence de son maître.
- Un riche marchand ! répéta Caverley. Diable ! alors ce sera plus cher, vous comprenez, que pour un gentilhomme ; et notre premier prix d'un marc d'or et de deux marcs d'argent ne peut plus tenir.
- Aussi vous ai-je dit franchement ce qu'il en était, capitaine ; car je ne veux pas vous empêcher de tirer de votre prisonnier la rançon équivalente à sa position.
- Décidément, chevalier, je l'ai déjà dit, vous êtes un joli garçon. Et combien offre-t-il ? – Il a dû vous toucher un mot de cela pendant cette longue conversation.
- Mais, dit Agénor, il m'a dit d'aller avec vous jusqu'à cinq cents écus d'argent ou d'or. – D'or. – Cinq cents écus d'argent, vous seriez volé.
Caverley ne répondit pas, il calculait toujours.
- Cinq cents écus d'or, dit-il, suffiraient pour un simple marchand ; mais vous avez dit un riche marchand, rappelez-vous cela.
- Je me le rappelle aussi, répondit le chevalier, et je vois même que j'ai eu tort de vous le dire, seigneur capitaine ; mais comme on doit porter la peine de ses torts, eh bien ! mettons la rançon à mille écus, et s'il faut en payer cinq cents pour mon indiscrétion, eh bien ! je les paierai.
- Ce ne peut être assez pour un riche marchand, répondit Caverley. Mille écus d'or ! mais c'est tout au plus la rançon d'un chevalier.
Agénor consulta de l'oeil celui dont il était chargé de défendre les intérêts, pour savoir s'il pouvait s'engager plus avant. L'Aragonais fit de la tête un signe affirmatif.
- Alors, dit le chevalier, doublons la somme et que tout soit dit.
- Deux mille écus d'or, reprit le condottiere commençant à s'étonner lui- même du prix élevé que l'inconnu mettait à sa personne. Deux mille écus d'or, mais c'est donc le plus riche marchand de Tolède ! Ma foi ! non, je crois que j'ai fait un beau coup et je veux en profiter. Eh bien ! qu'il double un peu et nous verrons.
Agénor regarda de nouveau son client qui lui fit un second signe pareil au premier.
- Eh bien ! dit le chevalier, puisque vous êtes si exigeant, nous irons jusqu'à quatre mille écus d'or.
- Quatre mille écus d'or ! s'écria Caverley stupéfait et ravi à la fois ; alors c'est un juif, et je suis trop bon chrétien pour lâcher un juif à moins de...
- A moins de combien ? répéta Agénor.
- A moins de... le capitaine hésita lui-même devant le chiffre qui lui venait à la bouche, tant ce chiffre lui paraissait exorbitant ; à moins de dix mille écus d'or. Ah ! ma foi ! voilà le mot lâché, et c'est pour rien, ma parole d'honneur !
L'inconnu fit un signe imperceptible d'assentiment.
- Touchez là, dit Agénor en tendant la main à Caverley, la somme nous va et c'est prix fait.
- Un instant, un instant, s'écria Caverley, pour dix mille écus d'or je n'accepte pas la caution du chevalier, rate du pape ! Il me faudrait un prince pour une pareille garantie, et encore, et encore j'en connais beaucoup que je n'accepterais pas.
- Déloyal ! s'écria Mauléon en marchant droit à Caverley et en mettant la main à son épée ; je crois que tu te défies de moi.
- Eh ! non ; enfant, répondit Caverley, tu te trompes : ce n'est pas de toi que je me défie, c'est de lui. Te figures-tu par hasard qu'une fois hors de mes griffes il paiera dix mille écus d'or ? Non. Au premier carrefour il tournera à gauche et tu ne le reverras jamais ; il n'a été si magnifique en paroles, ou, si tu l'aimes mieux, en gestes, car j'ai vu les gestes qu'il te faisait, que parce qu'il a l'intention de ne pas payer.
Malgré cette impassibilité dont s'était vanté l'étranger, Agénor vit le rouge de la colère lui monter au visage ; mais presque aussitôt il se contint, et, faisant de la main au chevalier un signe de prince :
- Venez, dit-il, seigneur Agénor, j'ai encore un mot à vous dire.
- N'y va pas, reprit Caverley ; c'est pour te séduire par de belles paroles et te laisser les dix mille écus d'or sur les bras.
Mais le chevalier sentait instinctivement que l'Aragonais était plus encore qu'il ne paraissait ; il s'approcha donc de lui avec une confiance entière et même avec un certain respect.
- Merci, loyal gentilhomme ! dit l'Espagnol à voix basse ; tu as bien fait de t'engager pour moi et sur ma parole ; tu n'as rien à craindre ; je paierais ce Caverley à l'instant même si tel était mon plaisir, car j'ai dans la selle de mon cheval pour plus de trois cent mille écus d'or et de diamants ; mais le misérable accepterait ma rançon, et après l'avoir acceptée ne me rendrait pas ma liberté. Voilà donc ce que vous allez faire ; vous allez changer de cheval avec moi, vous partirez et vous me laisserez ici ; puis, à la prochaine ville, vous découdrez la selle, vous en tirerez un sac de cuir, et dans ce sac de cuir vous prendrez ce qu'il faudra de diamants pour faire dix mille écus d'or ; puis, avec une escorte respectable, vous me reviendrez chercher.
- Seigneur, dit Agénor étonné ; mais qui êtes-vous, mon Dieu ! pour disposer de tant de ressources ?
- Je crois vous avoir témoigné assez de confiance en vous mettant entre les mains tout ce que je possède, pour n'avoir pas besoin de vous dire qui je suis.
- Seigneur ! seigneur ! reprit Mauléon, en vérité, maintenant je tremble, et vous ne savez pas combien de scrupules m'assiègent. Cette ressemblance étrange, cette richesse, ce mystère qui vous environne... Seigneur, j'ai des intérêts à défendre en France... des intérêts sacrés... et peut-être ces intérêts sont-ils opposés aux vôtres...
- Répondez-moi, dit l'inconnu avec le ton d'un homme habitué à commander : Vous allez à Paris, n'est-ce pas ?
- Oui, dit le chevalier.
- Vous y allez pour remettre au roi Charles V la bague de la reine de Castille ?
- Oui.
- Vous y allez pour demander vengeance en son nom ?
- Oui.
- Contre le roi don Pedro ?
- Contre le roi don Pedro.
- Alors n'ayez aucune inquiétude, reprit l'Espagnol ; nos intérêts sont les mêmes, car le roi don Pedro a tué ma... reine, et moi aussi j'ai juré de venger dona Blanche.
- Est-ce bien vrai, ce que vous dites-là ? demanda Agénor.
- Sire chevalier, dit l'inconnu d'un ton ferme et majestueux, regardez-moi bien... Vous prétendez que je ressemble à quelqu'un de votre connaissance ; quel était ce quelqu'un, dites ?
- Oh ! mon malheureux ami ! s'écria le chevalier, oh ! noble grand- maître !... Seigneur, vous ressemblez, à s'y méprendre, à Son Altesse don Frédéric.
- Oui, n'est-ce pas ? dit en souriant l'inconnu, une ressemblance étrange... une ressemblance de frère.
- Impossible ! dit Agénor en regardant l'Aragonais presque avec terreur.
- Allez au bourg prochain ; sire chevalier, reprit l'inconnu, vendez les diamants à un juif, et dites au chef de la troupe espagnole que don Henri de Transtamare est prisonnier du capitaine Caverley... Du calme ; je vous vois frissonner à travers votre armure. Songez que l'on nous regarde.
Agénor, en effet, tremblait de surprise. Il salua le prince plus respectueusement peut-être qu'il n'aurait dû, et alla rejoindre Caverley, qui, lui épargnant la moitié du chemin, vint au devant de lui.
- Eh bien ! dit le capitaine en lui posant la main sur l'épaule, il a de belles paroles, des paroles dorées, et tu es sa dupe, pauvre enfant !
- Capitaine, dit Agénor, les paroles de ce marchand sont dorées en effet, car il m'a indiqué un moyen de vous faire payer sa rançon avant ce soir.
- Les dix mille écus d'or ?
- Les dix mille écus d'or.
- Rien de plus facile, dit l'inconnu en s'avançant : le chevalier va continuer sa route jusqu'à un endroit qu'il connaît et où j'ai quelque argent placé ; il te rapportera cet argent, dix sacs de mille écus d'or chacun ; on te fera voir, on te fera toucher cet or, afin que tu sois bien convaincu, et quand tu seras bien convaincu, quand l'or sera dans tes coffres, tu me laisseras aller. Est-ce trop demander cela ? et est-ce convenu ainsi ?
- Convenu. Ma foi ! oui, si tu l'exécutes, dit Caverley qui croyait faire un rêve.
Puis, se retournant vers son lieutenant :
- En voilà un qui s'estime cher, dit-il. Nous verrons comment il paiera son estimation.
Agénor regarda le prince.
- Sire de Mauléon, dit celui-ci, en souvenir du bon office que vous me rendez et de la reconnaissance que je vous en garde, selon la coutume fraternelle des chevaliers, changeons de cheval et d'épée ; peut-être perdrez vous au change, mais je vous en dédommagerai plus tard.
Agénor remercia. Caverley qui avait entendu se mit à rire.
- Il te vole encore, dit-il tout bas au jeune homme. J'ai vu son cheval, il ne vaut pas le tien. Décidément ce n'est ni un chevalier, ni un marchand, ni un juif, c'est un Arabe.
Le prince s'assit paisiblement devant une table en faisant signe à Musaron de rédiger un second engagement pareil au premier, et quand il fut rédigé, Agénor, qui s'était porté caution du prince, y apposa sa croix comme il avait fait au bas du sien ; puis après que le capitaine Caverley l'eût examiné avec son soin accoutumé, le chevalier partit pour Châlon, qu'on apercevait de l'autre côté de la Saône. Tout se passa comme l'avait indiqué le prince. Agénor trouva dans la selle le petit sac de cuir et dans le petit sac les diamants. Il en vendit pour douze mille écus, car le prince, entièrement dépouillé par Caverley, avait besoin de regarnir sa bourse ; puis, comme il revenait vers le camp, il trouva le capitaine espagnol que lui avait désigné don Henri de Transtamare, le reconnut, lui raconta l'événement arrivé au prince, et se fit accompagner par lui et par ses gens jusqu'à un petit bois distant d'un quart de lieue à peu près de l'endroit où était le camp ; là les Espagnols s'arrêtèrent, et Agénor continua son chemin.
Les choses se passèrent plus loyalement encore que ne l'espérait le chevalier. Caverley compta et recompta ses écus d'or en poussant de gros soupirs, car l'idée lui venait seulement alors, qu'à un homme qui payait avec cette promptitude et cette rapidité là, il n'avait qu'à demander le double de ce qu'il avait demandé et qu'il l'aurait obtenu.
Cependant, il fallait bien se décider, et puisque le chevalier avait tenu strictement sa parole, faire honneur à la sienne.
Caverley laissa donc s'éloigner les deux jeunes gens, mais non sans rappeler à Agénor qu'il ne s'était pas acquitté envers lui, et qu'il lui redevait pour son compte mille écus tournois et le service pendant toute une campagne.
- J'espère bien que vous ne retournerez jamais avec ces bandits, fit le prince dès qu'ils furent libres.
- Hélas ! dit Agénor, il le faudra bien cependant.
- Je paierai tout ce qu'il faudra pour vous racheter.
- Vous ne rachèterez pas ma parole, mon prince, dit Agénor, et ma parole est donnée.
- Mordieu ! dit le prince, je n'ai pas donné la mienne, moi, et je ferai pendre Caverley, aussi vrai que nous existons tous les deux. De cette façon là, je n'aurai pas le regret que mes écus d'or lui profitent.
En ce moment on arriva auprès du petit bois où était embusqué le capitaine espagnol avec ses vingt lances, et Henri, joyeux d'en être quitte à si bon marché, se retrouva enfin avec ses amis.
Telle fut l'issue du mauvais pas où le prince et le chevalier se trouvèrent ensemble, et dont le prince se tira grâce à la parole du chevalier.
De son côté, Agénor, qui était parti sans argent et sans amis, se trouvait avoir un trésor presque à sa disposition, et pour protecteur un prince.
Sur cela, Musaron fit mille dissertations plus ingénieuses les unes que les autres ; mais ces dissertations, toutes philosophiques, sont trop connues depuis l'antiquité pour que nous les rapportions ici.
Cependant, il termina ses dissertations par une question trop importante pour que nous la passions sous silence.
- Seigneur, dit-il, je ne comprends pas trop pourquoi, ayant vingt lances à votre disposition, vous avez marché seul avec un écuyer et deux ou trois serviteurs seulement.
- Mon cher sire, dit le prince en riant, c'est parce que le roi don Pedro, mon frère, a envoyé sur toutes les routes qui conduisent de l'Espagne en France des espions et des assassins. Un train brillant m'eût fait reconnaître, et je désirais garder l'incognito. L'obscurité me va mieux que le grand jour. D'ailleurs, je veux qu'il soit dit :
« Henri sortit d'Espagne avec trois serviteurs et y rentra avec toute une armée. Don Pedro, au contraire, avait toute son armée en Espagne, et il en est sorti seul. »
- Des frères !... murmura Agénor, des frères !
- Mon frère a tué mon frère, reprit Henri de Transtamare, et je vengerai mon frère.
- Seigneur, dit Musaron profitant d'un moment où le prince était en train de causer avec son lieutenant, voilà un prétexte que le seigneur Henri de Transtamare ne donnerait pas pour dix autres mille écus d'or.
- Comme il ressemble à ce vaillant grand-maître. As-tu remarqué, Musaron ?
- Seigneur, dit l'écuyer, don Frédéric était blond et celui-là est rouge ; l'oeil du grand-maître était noir, et celui-ci a l'oeil gris ; l'un avait le nez de l'aigle, l'autre a le bec du vautour ; le premier était svelte, le second est maigre ; don Frédéric avait du feu sur les joues, monseigneur Henri de Transtamare a du sang : ce n'est pas à don Frédéric qu'il ressemble, mais à don Pedro. Deux vautours, messire Agénor, deux vautours.
- C'est vrai, pensa Mauléon ; et ils se battent sur le corps de la colombe.

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