La San Felice Vous êtes ici : Accueil > Accueil > Bibliothèque
Page précédente | Imprimer

Chapitre XVI
Une année d'épreuve

Le deuil fut grand à Palerme ; les funérailles qui se firent de nuit, comme d'habitude, furent magnifiques. La ville entière suivait le convoi ; la cathédrale, sous l'invocation de sainte Rosalie, éclairée tout entière en chapelle ardente, ne pouvait contenir la foule ; cette foule débordait sur la place, et, de la place, si grande qu'elle fut, dans la rue de Tolède.

Derrière le catafalque, couvert d'un immense velours noir chargé de larmes d'argent et chamarré des premiers ordres de l'Europe, venait, conduit par deux pages, le cheval de bataille du prince, pauvre animal qui piaffait orgueilleusement sous ses caparaçons d'or, ignorant et la perte qu'il avait faite et le sort qui l'attendait.

En sortant de l'église, il reprit sa place derrière le char mortuaire ; mais alors le premier écuyer du prince s'approcha, une lancette à la main, et, tandis que le cheval le reconnaissait, le caressait, hennissait, il lui ouvrit la jugulaire. Le noble animal poussa une faible plainte ; car, quoique la douleur ne fût pas grande, la blessure devait être mortelle ; il secoua sa tête ornée de panaches aux couleurs du prince, c'est-à-dire blancs et verts, et reprit son chemin ; seulement, un filet de sang, mince mais continu, descendit de son cou sur son poitrail et laissa sa trace sur le pavé.

Au bout d'un quart d'heure, il trébucha une première fois et se releva en hennissant non plus de joie, mais de douleur.

Le cortège s'avançait au milieu du chant des prêtres, de la lumière des cierges, de la fumée de l'encens, suivant les rues tendues de noir, passant sous des arcs funèbres de cyprès.

Un caveau provisoire avait été préparé pour le prince dans le campo-santo des Capucins, son corps devant plus tard être transporté dans la chapelle de sa famille à Naples.

à la porte de la ville, le cheval, s'affaiblissant de plus en plus par la perte de son sang, butta une seconde fois ; il hennit de terreur et son œil s'effara.

Deux étrangers, deux inconnus, un homme et une femme conduisaient ce deuil presque royal, qui des classes supérieures atteignait les classes les plus infimes de la société : c'était le chevalier et Luisa, mêlant leurs pleurs, l'une murmurant : « Mon père !... » l'autre : « Mon ami !... »

On arriva au caveau, désigné seulement par une grande dalle sur laquelle étaient gravés les armes et le nom du prince ; cette dalle fut soulevée pour donner passage au cercueil, et un De Profundis immense, chanté par cent mille voix, monta au ciel. Le cheval agonisant, ayant perdu par la route la moitié de son sang, était tombé sur ses deux genoux : on eût dit que le pauvre animal, lui aussi, priait pour son maître ; mais, lorsque s'éteignit la dernière note du chant des prêtres, il s'abattit sur la dalle refermée, s'allongea sur elle comme pour en garder l'accès et rendit le dernier soupir.

C'était un reste des coutumes guerrières et poétiques du moyen âge : le cheval ne devait pas survivre au chevalier. Quarante-deux autres chevaux, formant les écuries du prince, furent égorgés sur le corps du premier.

On éteignit les cierges, et tout ce cortège immense, silencieux comme une procession de fantômes, rentra dans la ville sombre, où pas une lumière ne brillait, ni dans les rues, ni aux fenêtres. On eût dit qu'un seul flambeau éclairait la vaste nécropole, et que, la mort ayant soufflé sur ce flambeau, tout était rentré dans la nuit.

Le lendemain, au point du jour, San Felice et Luisa se rembarquèrent et partirent pour Naples. Trois mois furent donnés à cette douleur bien sincère, trois mois pendant lesquels on vécut de la même vie que par le passé, plus triste, voilà tout.

Ces trois mois écoulés, San Felice exigea que commençât l'année d'épreuve, c'est-à-dire que Luisa vit le monde ; il acheta une voiture et des chevaux, la voiture la plus élégante, les chevaux les meilleurs qu'il put trouver ; il augmenta sa maison d'un cocher, d'un valet de chambre et d'une camériste, et commença de se mêler avec Luisa aux promeneurs journaliers de Tolède et de Chiaïa.

La duchesse Fusco, sa voisine, veuve à trente ans et maîtresse d'une grande fortune, recevait beaucoup de monde et la meilleure société de Naples : elle avait, attirée par ce sentiment sympathique si puissant sur les Italiennes, invité souvent sa jeune amie à assister à ses soirées, et Luisa avait toujours refusé, objectant la vie retirée que menait son tuteur. Cette fois, ce fut San Felice lui-même qui alla chez la duchesse Fusco, la priant de renouveler ses invitations à sa pupille ; ce que celle-ci fît avec plaisir.

L'hiver de 1796 fut donc à la fois une époque de fêtes et de deuil pour la pauvre orpheline ; à chaque nouvelle occasion que lui donnait son tuteur de se faire voir et, par conséquent, de briller, elle opposait une véritable résistance et une sincère douleur ; mais San Felice répondait par le mot charmant de son enfance : Va t'en, chagrin, papa le veut.

Le chagrin ne s'en allait pas, mais seulement il disparaissait à la surface ; Luisa le renfermait au fond de son cœur, il jaillissait par ses yeux, se répandait sur son visage, et cette douce mélancolie qui l'enveloppait comme un nuage, la faisait plus belle encore.

On la savait, d'ailleurs, sinon une riche héritière, du moins ce que l'on appelle, en matière de mariage, un parti convenable. Elle avait, grâce à la précaution prise par son père et aux soins donnés à sa petite fortune par San Felice, elle avait cent vingt-cinq mille ducats de dot, c'est-à-dire un demi-million placé dans la meilleure maison de Naples, chez MM. Simon André, Backer et Ce, banquiers du roi ; puis on ne connaissait à San Felice, dont on la croyait la fille naturelle, d'autre héritier qu'elle, et San Felice, sans être un capitaliste, avait, de son côté, une certaine fortune.

En ces sortes de matières, ceux qui calculent, calculent tout.

Luisa avait rencontré chez la comtesse Fusco un homme de trente à trente-cinq ans, portant un des plus beaux noms de Naples et ayant marqué d'une façon distinguée à Toulon dans la guerre de 1793 ; il venait d'obtenir, avec le titre de brigadier, le commandement d'un corps de cavalerie, destiné à servir d'auxiliaire dans l'armée autrichienne, lors de la campagne de 1796, qui allait s'ouvrir en Italie : on l'appelait le prince de Moliterno.

Il n'avait point encore reçu à cette époque, au travers du visage, le coup de sabre qui, en le privant d'un œil, y mit ce cachet de courage que personne, au reste, ne songea jamais à lui contester.

Il avait un grand nom, une certaine fortune, un palais à Chiaïa. Il vit Luisa, en devint amoureux, pria la duchesse Fusco d'être son intermédiaire près de sa jeune amie et n'emporta qu'un refus.

Luisa avait souvent croisé à Chiaïa et à Tolède, quand elle s'y promenait avec cette belle voiture et ces beaux chevaux que lui avait achetés son tuteur, un charmant cavalier de vingt-cinq à vingt-six ans à peine, tout à la fois le Richelieu et le Saint-Georges de Naples : c'était le frère aîné de Nicolino Caracciolo, avec lequel nous avons fait connaissance au palais de la reine Jeanne, c'était le duc de Rocca-Romana.

Beaucoup de bruits, qui eussent été peut-être peu honorables pour un gentilhomme dans nos capitales du Nord, mais qui, à Naples, pays de mœurs faciles et de morale accommodante, ne servaient qu'à rehausser sa considération, couraient sur son compte et le faisaient un objet d'envie pour la jeunesse dorée de Naples ; on disait qu'il était un des amants éphémères que le favori-ministre Acton permettait à la reine, comme Potemkine à Catherine II, à la condition que lui resterait l'amant inamovible, et que c'était la reine qui entretenait ce luxe de beaux chevaux et de nombreux serviteurs, qui n'avait pas sa source dans une fortune assez considérable pour alimenter de pareilles dépenses ; mais on disait aussi que, protégé comme il l'était, le duc pouvait parvenir à tout.

Un jour, ne sachant comment s'introduire chez San Felice, le duc de Rocca-Romana s'y présenta de la part du prince héréditaire François, dont il était grand écuyer ; il était porteur du brevet de bibliothécaire de Son Altesse, espèce de sinécure que le prince offrait au mérite bien reconnu de San Felice.

San Felice refusa, se déclarant incapable, non pas d'être bibliothécaire, mais de se plier aux mille petits devoirs d'étiquette qu'entraîne une charge à la cour. Le lendemain, la voiture du prince s'arrêtait devant la porte de la maison du Palmier, et le prince lui-même venait renouveler au chevalier l'offre de son grand écuyer.

Il n'y avait pas moyen de refuser un tel honneur, offert par le futur héritier du royaume. San Felice objecta seulement une difficulté momentanée et demanda que Son Altesse voulût bien remettre à six mois les effets de sa bonne volonté ; ces six mois écoulés, Luisa serait ou la femme d'un autre ou la sienne : si elle était la femme d'un autre, il aurait besoin de distractions pour se consoler ; si elle était la sienne, ce serait un moyen de lui ouvrir les portes de la cour et de la distraire elle-même.

Le prince François, homme intelligent, amoureux de la véritable science, accepta le délai, fit compliment à San Felice sur la beauté de sa pupille et sortit.

Mais la porte fut ouverte à Rocca-Romana, qui épuisa en vain pendant trois mois près de Luisa, les trésors de son éloquence et les merveilles de sa coquetterie.

Le temps approchait qui devait décider du sort de Luisa, et Luisa, malgré toutes les séductions qui l'entouraient, persistait dans sa résolution de tenir la promesse donnée à son père ; alors, San Felice voulut lui rendre un compte exact de toute sa fortune afin de la séparer de la sienne, et que Luisa en fût, quoique sa femme, complétement maîtresse ; il pria donc les banquiers Backer, chez lesquels la somme primitive de cinquante mille ducats avait été placée il y avait déjà quinze ans, de lui faire ce que l'on appelle, en termes de banque, un état de situation. André Backer, fils aîné de Simon Backer, se présenta chez San Felice avec tous les papiers concernant ce placement et les preuves matérielles de la façon dont son père avait placé et fait valoir cet argent. Quoique Luisa ne prît point un grand intérêt à tous ces détails, San Felice voulut qu'elle assistât à la séance ; André Backer ne l'avait jamais vue de près, il fut frappé de sa merveilleuse beauté ; il prit, pour revenir chez San Felice, le prétexte de quelques papiers qui lui manquaient ; il revint souvent et finit par déclarer à son client qu'il était amoureux fou de sa pupille ; il pouvait distraire, en se mariant, un million de la maison de son père en faisant valoir comme pour lui les cinq cent mille francs de Luisa, si elle consentait à devenir sa femme ; il pouvait en quelques années doubler, quadrupler, sextupler cette fortune ; Luisa serait alors une des femmes les plus riches de Naples, pourrait lutter d'élégance avec la plus haute aristocratie et effacer les plus grandes dames par son luxe, comme elle les effaçait déjà par sa beauté. Luisa ne se laissa aucunement éblouir par cette brillante perspective ; et San Felice, tout joyeux et tout fier, au bout du compte, de voir que Luisa avait refusé pour lui l'illustration dans Moliterno, l'esprit et l'élégance dans Rocca-Romana, la fortune et le luxe dans André Backer, San Felice invita André Backer à revenir dans la maison autant qu'il lui plairait comme ami, mais à la condition qu'il renoncerait entièrement à y revenir comme prétendant.

Enfin, le terme fixé par San Felice lui-même étant arrivé le 14 novembre 1795, anniversaire de la promesse faite par lui au prince Caramanico mourant, simplement, sans pompe aucune, seulement en présence du prince François, qui voulut servir de témoin à son futur bibliothécaire, San Felice et Luisa Molina furent unis à l'église de Pie-di-Grotta.

Aussitôt le mariage célébré, Luisa demanda pour première grâce à son mari de réduire la maison sur le pied où elle était auparavant, désirant continuer de vivre avec cette même simplicité où elle avait vécu pendant quatorze ans. Le cocher et le valet de chambre furent donc renvoyés, les chevaux et la voiture furent vendus ; on ne garda que la jeune femme de chambre Nina, qui paraissait avoir voué un sincère attachement à sa maîtresse ; on fit une pension à la vieille gouvernante, qui regrettait toujours son Portici et qui y retourna joyeuse, comme un exilé qui rentre dans sa patrie.

De toutes les connaissances qu'elle avait faites pendant ses neuf mois de passage à travers le monde, Luisa ne garda qu'une seule amie : c'était la duchesse Fusco, veuve et riche, âgée de dix ans plus qu'elle, comme nous l'avons dit, et sur laquelle la médisance la plus exercée n'avait rien trouvé à dire, sinon qu'elle blâmait peut-être un peu trop haut et trop librement les actes politiques du gouvernement et la conduite privée de la reine.

Bientôt les deux amies furent inséparables ; les deux maisons n'en avaient fait qu'une autrefois et avaient été séparées dans un partage de famille. Il fut convenu que, pour se voir sans contrainte à toute heure du jour et même de la nuit, une ancienne porte de communication qui avait été fermée lors de ce partage de famille serait rouverte ; on soumit la proposition au chevalier San Felice, qui, loin de voir un inconvénient à cette réouverture, mit lui-même les ouvriers à l'œuvre ; rien ne pouvait lui être plus agréable pour sa jeune femme qu'une amie du rang, de l'âge et de la réputation de la duchesse Fusco.

Dès lors, les deux amies furent inséparables.

Une année tout entière se passa dans la félicité la plus parfaite. Luisa atteignit sa vingt et unième année, et peut-être sa vie se serait-elle écoulée dans cette sereine placidité si quelques paroles imprudentes dites par la duchesse Fusco sur Emma Lyonna n'eussent été rapportées à la reine. Caroline ne plaisantait pas à l'endroit de la favorite : la duchesse Fusco reçut, de la part du ministre de la police, une invitation d'aller passer quelque temps dans ses terres.

Elle avait pris avec elle une de ses amies, compromise comme elle et nommée Eleonora Fonseca Pimentel. Celle-là était accusée non-seulement d'avoir parlé, mais encore d'avoir écrit.

Le temps que la duchesse Fusco devait passer en exil était illimité ; un avis émané du même ministre devait lui annoncer qu'il lui était permis de rentrer à Naples.

Elle partit pour la Basilicate, où étaient ses propriétés, laissant à Luisa toutes les clefs de sa maison, afin qu'en son absence elle pût veiller elle-même à ces mille soins qu'exige un mobilier élégant.

Luisa se trouva seule.

Le prince François avait pris en grande amitié son bibliothécaire, et, trouvant en lui, sous l'enveloppe d'un homme du monde, une science aussi étendue que profonde, ne pouvait plus se passer de sa société, qu'il préférait à celle de ses courtisans. Le prince François était, en effet, d'un caractère doux et timide, que la crainte rendit plus tard profondément dissimulé. Effrayé des violences politiques de sa mère, la voyant se dépopulariser de plus en plus, sentant le trône chanceler sous ses pieds, il voulait hériter de la popularité que perdait la reine en paraissant complétement étranger, opposé même à la politique suivie par le gouvernement napolitain ; la science lui offrait un refuge : il se fit de son bibliothécaire un bouclier, et parut complétement absorbé dans ses travaux archéologiques, géologiques et philologiques, et cela sans perdre de vue le cours des événements journaliers, qui, selon lui, se pressaient vers une catastrophe.

Le prince François faisait donc cette habile et sourde opposition libérale que, sous les gouvernements despotiques, font toujours les héritiers de la couronne.

Sur ces entrefaites, le prince François, lui aussi, s'était marié et avait en grande pompe ramené à Naples cette jeune archiduchesse Marie-Clémentine, dont la tristesse et la pâleur faisaient, au milieu de cette cour, l'effet que fait dans un jardin une fleur de nuit, toujours prête à se fermer aux rayons du soleil.

Il avait fort invité San Felice à amener sa femme aux fêtes qui avaient eu lieu à l'occasion de son mariage ; mais Luisa, qui tenait de son amie la duchesse Fusco des détails précis sur la corruption de cette cour, avait prié son mari de la dispenser de toute apparition au palais. Son mari, qui ne demandait pas mieux que de voir sa femme préférer à tout son chaste gynécée, l'avait excusée de son mieux. L'excuse avait-elle été trouvée bonne ? L'important était qu'elle eût paru bonne et eût été acceptée.

Mais, nous l'avons dit, depuis près d'un an, la duchesse Fusco était partie et Luisa s'était trouvée seule ; la solitude est la mère des rêves, et Luisa seule, son mari retenu au palais, son amie envoyée en exil, Luisa s'était mise à rêver.

à quoi ? Elle n'en savait rien elle-même. Ses rêves n'avaient point de corps, aucun fantôme ne les peuplait ; c'étaient de douces et enivrantes langueurs, de vagues et tendres aspirations vers l'inconnu ; rien ne lui manquait, elle ne désirait rien, et cependant elle sentait un vide étrange dont le siège était sinon dans son cœur, du moins déjà autour de son cœur.

Elle se disait à elle-même que son mari, qui savait toute chose, lui donnerait certainement l'explication de cet état si nouveau pour elle ; mais elle ignorait pourquoi elle fut morte plutôt que de recourir à lui pour avoir des explications à ce sujet.

Ce fut dans cette disposition d'esprit qu'un jour, son frère de lait Michele étant venu et lui ayant parlé de la sorcière albanaise, elle lui avait, après quelque hésitation, dit de la lui amener le lendemain, dans la soirée, son mari devant probablement être retenu une partie de la nuit à la cour par les fêtes que l'on y donnerait en l'honneur de Nelson, et pour célébrer la victoire que celui-ci avait remportée sur les Français. Nous avons vu ce qui s'était passé pendant cette soirée sur trois points différents, à l'ambassade d'Angleterre, au palais de la reine Jeanne et à la maison du Palmier ; et comment, amenée dans cette maison par Michele, soit hasard, soit pénétration, soit connaissance réelle de la mystérieuse science parvenue jusqu'à nous du moyen âge sous le nom de cabale, la sorcière avait lu dans le cœur de la jeune femme et lui avait prédit le changement que la naissance prochaine des passions devait produire dans ce cœur encore si chaste et si immaculé.

L'événement, soit hasard, soit fatalité, avait suivi la prédiction. Entraînée par un sentiment irrésistible vers celui à qui sa prompte arrivée avait probablement sauvé la vie, nous l'avons vue, ayant pour la première fois un secret à elle seule, fuir la présence de son mari, faire semblant de dormir, recevoir sur son front plein de trouble le calme baiser conjugal, et, San Felice sorti de la chambre, se relever furtivement pieds nus, l'âme pleine d'angoisse, et venir, d'un œil inquiet, interroger la mort planant au-dessus du lit du blessé.

Laissons Luisa, le cœur tout plein des bondissantes palpitations d'un amour naissant, veiller anxieuse au chevet du moribond, et voyons ce qui se passait au conseil du roi Ferdinand le lendemain du jour où l'ambassadeur de France avait jeté aux convives de sir William Hamilton ses terribles adieux.

Chapitre précédent | Chapitre suivant

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente