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Chapitre XXXI
Mon compère Loriot

Le marquis de Souday, après avoir suivi des yeux les fugitifs jusqu'à ce qu'ils eussent disparu dans la chapelle, poussa une de ces exclamations qui indique que la poitrine est dégagée d'un certain poids, et rentra dans le vestibule.

Mais, au lieu de passer du vestibule au salon, il passa du vestibule à la cuisine.

Contre toutes ses habitudes, et au grand étonnement de la cuisinière, il s'approcha des fourneaux, souleva avec sollicitude le couvercle de chaque casserole, s'assura qu'aucun ragoût n'était attaché au fond, fit reculer les broches afin qu'un coup de feu in extremis ne vînt point déshonorer les rôtis, remonta dans le vestibule, passa du vestibule dans la salle à manger, inspecta les bouteilles, fit doubler leurs rangs, regarda si la table était dressée dans les règles, et, satisfait de ce qu'il venait de voir, rentra dans le salon.

Il y retrouva ses deux filles, la porte du château ayant été confiée à Rosine, dont toute la mission se bornait, au reste, à tirer les cordons au premier coup de marteau qui retentirait.

Toutes deux étaient assises chacune à un coin du feu ; Mary était inquiète, Bertha rêveuse. Toutes deux pensaient à Michel.

Mary supposait que le jeune baron avait suivi le comte de Bonneville et Petit-Pierre, et se préoccupait grandement des fatigues qu'il allait éprouver, des dangers qu'il allait courir.

Bertha, elle, était tout enivrée par cette poignante jouissance qui suit la révélation de l'amour de l'être qu'on aime ; il lui semblait qu'elle avait acquis dans les regards du jeune baron la certitude que c'était pour elle que le pauvre enfant, si craintif, si hésitant, avait dompté sa faiblesse et bravé des périls réels ; elle mesurait la grandeur de l'amour qu'elle lui supposait à l'étendue de la révolution que cet amour avait produite dans le caractère du jeune homme ; elle bâtissait mille châteaux en Espagne, et se reprochait amèrement de ne pas l'avoir contraint à rentrer au château lorsqu'elle s'était aperçue qu'il ne suivait pas ceux que son dévouement avait sauvés.

Puis elle souriait ; car, tout à coup, une pensée lui traversait l'esprit : c'est qu'il était resté au château, qu'il s'y était caché dans quelque coin pour la voir à la dérobée, et que, si elle se hasardait dans les cours ou dans le parc, elle le verrait surgir devant elle et l'entendrait lui dire : « Voyez ce dont je suis capable pour obtenir un regard de vous ! »

Le marquis venait à peine de s'asseoir dans son fauteuil et n'avait pas encore eu le temps de remarquer la préoccupation de ses deux filles, qu'il pouvait, d'ailleurs, attribuer à toute autre cause, lorsqu'un coup de marteau retentit sur la porte.

Le marquis de Souday tressaillit, non pas qu'il n'attendît point ce coup de marteau ; mais ce coup de marteau n'était point tel qu'il l'attendait ; il était timide, presque obséquieux et, par conséquent, n'avait rien de militaire.

– Oh ! oh ! fit le marquis, qu'est-ce que cela ?

– On a frappé, je crois, dit Bertha sortant de sa rêverie.

– Oui, un coup, dit Mary.

Le marquis secoua la tête, en homme qui dit : « Ce n'est pas cela, » mais qui, toutefois, pensant qu'en pareille circonstance il faut tout voir par soi-même, ne s'en décide pas moins à voir ce que cela est.

En conséquence, il sortit du salon, traversa le vestibule et s'avança sur la première marche du perron.

En effet, au lieu des sabres et des baïonnettes qu'il s'attendait à voir étinceler dans l'ombre, au lieu des figures soldatesques et des moustaches avec lesquelles il croyait avoir à faire connaissance, le marquis de Souday ne voyait rien autre chose que la coupole d'un immense parapluie de toile bleue qui se dirigeait vers lui la pointe en avant, gravissant le perron marche à marche.

Comme ce parapluie, qui avançait toujours, pareil à la carapace d'une tortue, menaçait de lui crever l'œil avec la pointe qui sortait de son centre telle que la pointe d'un bouclier antique, le marquis releva l'orbe de ce bouclier et se trouva face à face avec un museau de fouine surmonté de deux petits points brillants comme des escarboucles, et coiffé d'un chapeau très-haut de forme, très-étroit de bords, et si souvent brossé et rebrossé, qu'il brillait dans l'ombre comme s'il eût été verni.

– Par les mille diables d'enfer ! s'écria le marquis de Souday, c'est mon compère Loriot !

– Prêt à vous rendre ses petits services, si vous l'en jugez digne, fit le dernier venu, d'une voix de fausset qui devenait caverneuse, tant son propriétaire s'efforçait de la rendre pateline.

– Vous êtes le très-bienvenu à Souday, maître Loriot, dit le marquis avec un accent de bonne humeur et comme s'il se promettait quelque joie de la présence de celui qu'il accueillait par un cordial salut. J'y attends ce soir nombreuse compagnie, et, en votre qualité de notaire du maître du logis, vous m'aiderez à en faire les honneurs. Venez saluer ces demoiselles.

Et le vieux gentilhomme, avec une aisance qui prouvait à quel degré il était pénétré de la distance qui existait entre un marquis de Souday et un notaire de village, précéda son hôte dans le salon.

Il est vrai que maître Loriot mettait un soin si minutieux à frotter ses pieds sur le paillasson gisant à la porte de ce sanctuaire, que la politesse que le marquis eût jugé à propos de lui faire en restant derrière lui eût dégénéré en une véritable corvée.

Profitons du moment où le tabellion, éclairé par l'entre-bâillement de la porte, referme son parapluie et se frotte les pieds, pour esquisser son portrait, si toutefois l'entreprise ne dépasse pas nos moyens.

Maître Loriot, notaire à Machecoul, était un petit bonhomme, maigre et fluet, paraissant encore de moitié plus exigu par suite de l'habitude qu'il avait prise de ne jamais parler que courbé en deux et dans l'attitude du plus profond respect.

Un nez long et pointu lui tenait lieu de visage ; en développant outre mesure ce trait de sa physionomie, la nature avait voulu se rattraper sur le reste, et, avec une incroyable parcimonie, elle lui avait mesuré tout ce qui n'appartenait point à la partie saillante de la face ; si bien qu'il fallait le regarder de bien près et fort longtemps pour s'apercevoir que maître Loriot avait des yeux et une bouche comme le reste des hommes ; mais aussi, lorsqu'on en était arrivé là, on remarquait que ces yeux étaient pleins de vivacité, et que cette bouche ne manquait pas de finesse.

Et, en effet, maître Loriot – ou le compère Loriot, comme l'appelait le marquis de Souday, qui, en sa qualité de grand chasseur, était quelque peu ornithologue – le compère Loriot, disons-nous, tenait toutes les promesses de son prospectus physiognomonique : il était assez habile pour faire suer une trentaine de mille francs à une étude de campagne dans laquelle ses prédécesseurs avaient réussi à grand'peine.

Pour arriver à ce résultat, regardé jusqu'à lui comme impossible, M. Loriot avait étudié, non pas le Code, mais les hommes ; il avait conclu de ses études que la vanité et l'orgueil étaient leurs prédispositions dominantes ; il avait, en conséquence, cherché à se rendre agréable à ces deux vices, et n'avait pas tardé à devenir nécessaire à ceux qui les possédaient.

Chez maître Loriot, en raison de ce système, la politesse touchait presque à l'obséquiosité : il ne saluait pas, il se prosternait, et, comme les fakirs de l'Inde, il avait si bien brisé son corps à certaines manœuvres, qu'il s'était habitué littéralement à cette attitude ; c'était une parenthèse toujours ouverte, jamais fermée, dans laquelle s'encadraient les titres de ses clients, qui revenaient à chaque phrase avec une intarissable abondance ; pour peu que son interlocuteur fût baron, ou même chevalier, ou seulement gentilhomme, jamais le notaire ne lui eût parlé autrement qu'à la troisième personne. Au reste, il se montrait d'une reconnaissance à la fois humble et expansive pour les procédés affables que l'on avait à son égard, et, comme, en même temps, il manifestait un dévouement exagéré aux intérêts qu'on lui confiait, il avait su mériter tant d'éloges que, peu à peu, il avait conquis une clientèle considérable dans la noblesse des environs.

Ce qui avait surtout contribué au succès de maître Loriot dans le département de la Loire-Inférieure et même dans les départements voisins, c'était l'exaltation de ses opinions politiques.

Maître Loriot était de ceux dont on pouvait dire : « Plus royaliste que le roi. »

Son petit œil gris étincelait lorsqu'il entendait prononcer le nom d'un jacobin, et, pour lui, toutes les fractions libérales, depuis M. de Chateaubriand jusqu'à M. de La Fayette, étaient des jacobins.

Jamais il n'avait voulu reconnaître la royauté de juillet et il n'appelait jamais Louis-Philippe autrement que « M. le duc d'Orléans, » ne lui accordant pas même le titre d'altesse royale que lui avait accordé Charles X.

Maître Loriot était un des visiteurs les plus habituels du château de Souday.

Il entrait dans sa tactique de faire parade du plus profond respect pour cet illustre débris de l'ancien ordre social, ordre social qui avait tous ses regrets, et il avait poussé le respect jusqu'à consentir à quelques emprunts dont le marquis de Souday, fort insouciant, comme nous l'avons dit, des choses d'argent, négligeait régulièrement de lui payer les intérêts.

Le marquis de Souday accueillait volontiers son compère Loriot : d'abord, en raison des susdits emprunts ; ensuite, parce que la fibre orgueilleuse du vieux gentilhomme n'était pas plus qu'une autre insensible à la flatterie ; enfin, parce que, la froideur dans laquelle le propriétaire de Souday vivait avec son voisinage le rendant fort isolé, il accueillait avec joie tout ce qui venait rompre la monotonie de sa vie.

Lorsque le petit notaire se crut certain que ses chaussures n'avaient pas conservé un vestige de crotte, il entra dans le salon.

Il salua de nouveau le marquis, qui avait déjà repris sa place dans le fauteuil, et commença de complimenter les deux jeunes filles.

Mais le marquis ne lui laissa pas le loisir d'achever ses compliments.

– Loriot, lui dit-il, je serai toujours enchanté de vous voir.

Le notaire s'inclina jusqu'à terre.

– Seulement, continua le marquis, vous me permettrez de vous demander, n'est-ce pas ? ce qui peut vous amener dans notre désert à neuf heures et demie du soir, et par un temps pareil. Je sais bien que, lorsqu'on a un parapluie comme le vôtre, la voûte du ciel est toujours bleue.

Loriot crut convenable de ne pas laisser passer la plaisanterie du marquis sans en rire et sans murmurer :

– Ah ! très bien ! très bien !

Puis, répondant directement :

– Voici, dit-il. J'étais au château de la Logerie, d'où je suis parti fort tard, ayant, sur un ordre reçu à deux heures seulement, été porter de l'argent à la propriétaire du susdit château ; je revenais à pied, selon ma coutume, lorsque j'ai entendu dans la forêt des bruits de fâcheux augure, et qui m'ont confirmé ce que je savais déjà de l'émeute de Montaigu ; j'ai appréhendé, si j'allais plus loin, de rencontrer, sur mon chemin, des soldats du duc d'Orléans, et j'ai pensé que M. le marquis daignerait m'accorder l'hospitalité pour cette nuit.

Au nom de la Logerie, Bertha et Mary avaient relevé la tête comme deux chevaux qui entendent au loin et tout à coup le bruit du clairon.

– Vous venez de la Logerie ? fit le marquis.

– Comme j'ai eu l'honneur de le dire à M. le marquis, répliqua maître Loriot.

– Tiens ! tiens ! tiens ! Nous avons déjà eu quelqu'un de la Logerie, ce soir.

– Le jeune baron, peut-être ? répondit le notaire.

– Oui.

– C'est justement lui que je cherche.

– Loriot, dit le marquis, je m'étonne de vous voir, vous que je considère comme un homme dont les principes sont solides, je m'étonne de vous voir prostituer de la sorte, en l'accolant au nom de ces Michel, un titre que, d'habitude, vous respectez.

En entendant le marquis prononcer cette phrase avec un suprême dédain, Bertha devint pourpre, et Mary pâlit.

L'impression que les paroles qu'il avait dites produisaient sur les jeunes filles ne fut pas remarquée du vieux gentilhomme ; mais elle n'échappa point au petit œil gris du notaire. Il allait parler, quand, de la main, M. de Souday lui fit signe qu'il n'avait pas tout dit.

– Puis, continua celui-ci, pourquoi vous, compère, que nous traitons avec bonté, avec bienveillance, pourquoi croyez-vous nécessaire de vous servir d'un subterfuge pour entrer dans notre maison ?

– Monsieur le marquis..., balbutia Loriot.

– Vous y venez chercher Michel, n'est-ce pas ? Rien de mieux ! Pourquoi mentir ?

– Que M. le marquis daigne agréer mes très-humbles excuses !... La mère de ce jeune homme, que j'ai été forcé d'accepter au nombre de mes clientes, attendu que c'est un legs de mon prédécesseur, est fort inquiète : au risque de se casser le cou, son fils est descendu d'une fenêtre du deuxième étage, et, au mépris de ses volontés maternelles, il a pris la fuite ; de sorte que madame Michel m'avait chargé...

– Ah ! ah ! fit le marquis, il a fait tout cela ?

– Littéralement, monsieur le marquis.

– Eh bien, voilà qui me raccommode avec lui... Pas tout à fait, entendons-nous bien, mais un peu.

– Si M. le marquis pouvait m'indiquer où j'ai la chance de trouver le jeune homme, dit Loriot, je le reconduirais à la Logerie.

– Ah ! quant à cela, du diable si je sais comment ni par où il s'est esquivé ! Voyons, le savez-vous, vous autres ? demanda le marquis s'adressant à ses filles.

Bertha et Mary firent toutes deux un signe négatif.

– Vous le voyez, mon pauvre compère, dit le marquis, nous ne pouvons vous être d'aucune utilité. Mais pourquoi la mère Michel avait-elle séquestré son fils ?

– Il paraîtrait, répondit le notaire, que le jeune Michel, jusqu'aujourd'hui si doux, si docile et si obéissant, est devenu tout à coup amoureux.

– Ah ! ah ! il a pris le mors aux dents, dit le marquis ; je connais cela. Eh bien, compère Loriot, si vous êtes appelé en conseil, dites à la mère de lui rendre la bride et de lui donner du champ : cela vaut mieux que la martingale. Au fond, pour le peu que je l'ai vu, il m'a eu l'air d'un bon petit diable.

– Un excellent cœur, monsieur le marquis ! et, avec cela, fils unique, plus de cent mille livres de rente ! dit le notaire.

– Hum ! fit le marquis, s'il n'a que cela, ce sera bien peu pour racheter les vilenies du nom qu'il porte.

– Mon père ! s'écria Bertha, tandis que Mary se contentait de soupirer, vous oubliez le service qu'il nous a rendu ce soir.

– Eh ! eh ! fit Loriot regardant Bertha, la baronne aurait-elle raison ? Par ma foi, ce serait un beau contrat à faire !

Et il se mit à supputer ce que pourrait lui rapporter d'honoraires le contrat de mariage du baron Michel de la Logerie avec mademoiselle Bertha de Souday.

– Tu as raison, mon enfant, dit le marquis ; aussi laissons Loriot chercher le chaton de la mère Michel, et ne nous en inquiétons pas aujourd'hui.

Puis, se retournant vers le notaire :

– Allez-vous donc vous remettre en quête, monsieur le tabellion ?

– Monsieur le marquis, si vous daigniez me le permettre, je préférerais...

– Tout à l'heure, vous me donniez comme prétexte votre crainte de rencontrer les soldats, interrompit le marquis : vous en avez donc bien peur ? Morbleu ! qu'est-ce que c'est que cela ? Vous, un des nôtres !

– Je n'en ai pas peur, répliqua Loriot, M. le marquis peut m'en croire ; mais ces maudits bleus me causent une si profonde aversion, que, quand j'aperçois un de leurs uniformes, mon estomac se resserre, et je suis vingt-quatre heures sans pouvoir manger.

– Cela m'explique votre maigreur, compère ; mais ce qui est encore plus triste, c'est que cela m'oblige à vous mettre à la porte.

– M. le marquis veut rire aux dépens de son humble serviteur.

– Pas le moins du monde ; seulement, je ne veux pas votre mort, compère.

– Comment cela ?

– Si la vue d'un soldat vous cause vingt-quatre heures d'inanition, vous ne pouvez manquer de mourir de faim tout de bon, quand, pendant une nuit entière, vous aurez été sous le même toit qu'un régiment.

– Un régiment !

– Sans doute ; j'ai invité un régiment à souper ce soir à Souday, et l'amitié que j'ai pour vous, compère, m'oblige à vous faire déguerpir au plus vite ; seulement, mettez-y quelques précautions, car ces drôles, en vous voyant courir les champs, ou plutôt les bois, à pareille heure, pourraient bien vous prendre pour ce que vous n'êtes pas... je veux dire pour ce que vous êtes.

– Eh bien ?

– Eh bien, dans ce cas, ils ne manqueraient pas de vous honorer de quelques coups de fusil, et les fusils des soldats de M. le duc d'Orléans sont chargés à balle.

Le notaire devint fort pâle et balbutia quelques paroles inintelligibles.

– Alors décidez-vous ! vous avez le choix : mourir de faim ou d'un coup de fusil. Vous n'avez pas de temps à perdre ; car, cette fois, j'entends la marche de toute une troupe..., et tenez, voilà, selon toute probabilité, le général qui frappe à la porte.

En effet, le marteau retentit, mais vigoureusement cette fois, et ainsi qu'il convenait à l'hôte dont il annonçait l'arrivée.

– En compagnie de monsieur le marquis, fit Loriot, je me sens de force à vaincre mes répugnances, si invincibles qu'elles soient.

– Bien ! Alors, prenez ce flambeau et venez au-devant de mes invités.

– Vos invités ? Mais, en vérité, monsieur le marquis, je ne puis croire...

– Venez, venez, Thomas. Loriot ! vous allez voir et vous croirez après.

Et le marquis de Souday, prenant lui-même un flambeau, s'avança sur le perron.

Bertha et Mary le suivirent, Mary pensive, Bertha inquiète, toutes deux regardant, au plus profond de l'ombre de la cour, pour voir si elles ne découvriraient point celui auquel elles ne cessaient pas de songer.

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