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Chapitre LXX
Serpent n°2

Richelieu, après avoir obtenu son double engagement du ministre, pensa qu'il était tenu de se mettre à l'œuvre, et, sans perdre une minute, il partit pour aller retrouver Mme de Mailly.
Du roi, il ne s'en inquiétait pas un instant; n'avait-il pas les pleins pouvoirs de M. de Fréjus!
Quant à la comtesse, tout exaspérée de sa scène avec son mari, toute gonflée de vengeance féminine, elle se tenait dans son boudoir au moment où le duc fut annoncé par sa camériste.
En toute autre circonstance, Louise de Mailly eût refusé de recevoir le duc, à qui sa réputation plus que compromettante fermait toutes les liaisons des femmes respectées à la cour; mais la pauvre comtesse vivait depuis deux jours dans une telle surexcitation que rien ne lui paraissait plus inconvenant que les convenances.
C'est pour les femmes un terrible moment à franchir que le moment où elles cachent leur pâleur sous du rouge, ou leur rougeur sous l'éventail; seulement, il faut avouer que, ce moment franchi, elles sont plus fortes et meilleures pour le bien ou pour le mal que les hommes. La comtesse, sans en être arrivée là, se sentait déjà à demi délaissée; l'abandon de son mari lui inspirait un profond dégoût pour les hommes: un sentiment pareil conduit à la supériorité.
être supérieur dans le monde, c'est parfois mettre sous ses pieds l'opinion.
Louise se disait, non seulement dans son cœur, mais encore dans sa conscience, que, M. de Mailly songeant à des amours publiques, elle pouvait bien, elle, songer à des amours particulières; elle se rappelait que M. de Richelieu assistait la veille à la petite fête de Rambouillet, et qu'il avait été témoin des faits et gestes du roi.
Elle se rappelait, en outre, que, dans le court tête à tête qu'elle avait eu avec M. de Richelieu, au moment où elle attendait que tout le monde fût parti, M. de Richelieu avait lu aussi profondément dans son cœur que si elle avait eu à la poitrine cette fenêtre que désirait y voir le philosophe antique, et que, fort heureusement pour bien des gens, les philosophes modernes n'ont pas encore pu y pratiquer. Elle pensa, aussitôt que le nom du duc de Richelieu fut prononcé, que d'un rapprochement avec lui allait naître une occasion d'apprendre ce que le roi avait dit ou fait depuis cette scène.
Il n'est pas une femme peut-être qui sache résister à la curiosité, c'est-à-dire aux violentes démangeaisons de savoir comment pensent d'elle les gens qu'elle a distingués, et particulièrement, parmi ces gens-là, l'homme qu'elle aime.
Et si cet homme qu'elle aime est le roi, on pense bien que ce n'est plus de la curiosité, mais de la frénésie.
On a dit avec raison que c'était cette curiosité qui causait la perte de la plupart des femmes, car c'est en s'informant que l'on sait, et c'est la science qui perd.
Mme de Mailly, sans se rappeler, tant son désir de savoir était grand, que, la veille encore, elle était une femme inattaquable et inattaquée, Mme de Mailly donna ordre à l'instant même qu'on introduisît chez elle M. de Richelieu.
Quant à des idées qui regardaient personnellement le duc, elle n'en avait conçu aucune.
Et pourtant le duc, à trente ans, était d'une rare beauté. L'âge viril avait chez lui tenu, et au-delà, toutes les promesses de l'adolescence. Mais la comtesse n'avait rien remarqué de tout cela. Ce qu'elle avait vu, c'était le roi jeune et beau, non pas Louis XV le monarque, mais Louis XV à seize ans, Louis XV rayonnant de jeunesse et de besoin d'aimer. Quant au duc, elle savait qu'il était bel homme et recherché, comme on sait que RaphaĆ«l était un grand peintre. Cette beauté et ces succès du duc, c'était une chose de notoriété publique, qu'elle ne contestait ni n'affirmait.
En conséquence, elle n'avait pris aucune précaution de jour ou d'ombre, selon la coutume des femmes de ce temps pour faire valoir leur teint. Elle n'avait ni ajouté ni retranché une seule mouche quand le duc entra paisiblement dans son cabinet sur les pas de la camériste. Sans trouble, sans gêne, sans affectation, elle sourit à Richelieu en lui faisant la révérence, et laissa partir sa femme de chambre, sans presser ni retarder son départ.
Ils demeurèrent seuls.
Mme de Mailly rompit le silence; elle se sentait comme embarrassée sous le regard fixe du duc de Richelieu.
Celui-ci contemplait Louise avec une sorte de fascination qui, dans ses idées à lui, était certainement Je meilleur moyen possible de conversation.
- Monsieur le duc, dit enfin la jeune femme, à quelle heureuse circonstance, s'il vous plaît, dois-je l'honneur de votre visite?
- Madame, répliqua-t-il en saluant avec une grâce exquise, me pardonnez-vous d'abord de vous bien regarder?
Les joues de Louise se couvrirent de pourpre, et toutes les histoires du duc de Fronsac lui revinrent à la mémoire.
Cependant, l'œil de Richelieu n'était pas animé de la provocation qui offense une femme ou de ces feux qui l'inquiètent.
- Il m'est impossible, répondit-elle en cherchant à sourire malgré son embarras, de vous empêcher de me regarder, monsieur le duc, ou même de m'en fâcher, car vous le faites le plus honnêtement du monde, et, je le crois sincèrement, dans une intention qui n'a rien d'hostile pour moi.
- Vous le pouvez croire, madame la comtesse.
- Dites-moi, cependant, je vous l'ai demandé déjà, si c'est uniquement au désir de me regarder que je dois l'avantage de votre visite?
- Madame, il est vrai qu'à Rambouillet j'ai eu l'occasion de vous voir, et très longuement, mais assez peu, malgré cela, et trop peu même, si j'en crois toutes les idées qui me sont venues depuis hier, et dont je vous ai même, madame, touché quelques mots dans le cabinet.
- Allons, pensa-t-elle, nous y voilà! N'est-il pas possible en ce monde de passer une heure avec un homme sans qu'il vous adresse quelque compliment? Quelle nature banale que celle des hommes! Richelieu devina la pensée de la comtesse de Mailly, et souriant:
- Madame, dit-il, je vais sans doute vous faire une grosse impertinence.
- Qui sait? fit-elle froidement.
- Mais vous me la pardonnerez, j'en suis certain, continu a-t-il.
- Peut-être, monsieur le duc.
- Je mets toutes mes espérances en votre bonté, madame la comtesse.
- Ne vous y fiez pas trop, dit-elle durement; et puis, vous n'avez pas encore commencé. Puisque je puis conserver de vous le souvenir d'un gentilhomme extrêmement civil et agréable dans le commerce de la vie, ne me donnez pas de vous une autre idée.
- Madame, reprit le duc en conservant toujours sur les lèvres son premier sourire, laissez-moi, je vous prie, m'expliquer.
- Non! non! monsieur le duc, non! mieux vaut, je crois, le doute que la certitude.
- Mais cette impertinence est pardonnable, madame, si je ne m'abuse.
- Duc, je n'en crois rien. Un homme de votre rang n'arrive pas chez une femme avec la garantie qu'une impertinence arrêtée soit pardonnable.
- Enfin, telle qu'elle est, madame, je me résigne; la conversation ne commencerait pas avec vous sans cela. Tout ce que je puis vous dire d'agréable maintenant, ne le prenez point, je vous prie, comme calcul personnel. J'ai le malheur, ou plutôt j'ai le bonheur de n'être animé envers vous que d'un sentiment très vif ...
- Duc! monsieur le duc!
- L'amitié, madame, reprit Richelieu avec un geste plein de courtoisie, l'amitié la plus réservée et la plus respectueuse qui soit au monde.
Louise de Mailly trembla.
- Oh! fit-elle.
- Vous voyez, comtesse, que, sur ce terrain, nous ne pourrons manquer de nous entendre.
- Oh! certes, monsieur.
- Je continue donc, et vous allez voir si j'ai fait de bonnes et utiles réflexions depuis hier.
- J'écoute.
- Bien réfléchir, cela arrive surtout à ceux qui ont bien observé, n'est-il pas vrai, comtesse?
- Mais je crois que oui. De même, à ce que je crois toujours, que bien observer arrive à ceux qui savent bien réfléchir.
Richelieu salua.
- Or, vous avez observé? dit-elle.
- J'ai observé, madame, un fait très curieux et très intéressant.
- Et où cela, monsieur le duc?
- Hier, à Rambouillet, madame la comtesse.
- Relativement à qui?
- A vous. Ce même fait, vous le savez, dont je vous ai parlé, toujours dans le cabinet. Louise rougit encore.
- à moi, c'est difficile, monsieur le duc; simple et peu communicative, je ne croyais pas, je l'avoue ...
- Vous ne croyiez pas être remarquée? C'est impossible, madame.
- Un compliment!
- Non, mieux que cela, une observation. Voir vos yeux et trouver qu'ils sont noirs, ce n'est rien; voir votre bouche et trouver qu'elle est charmante et votre sourire plein de grâce, ce sont là des observations vulgaires. J'ai donc observé mieux que cela, vous voyez, et j'ai de l'amour-propre, c'est chose connue depuis longtemps à la cour.
Le cœur de Mme de Mailly commençait à battre. Elle déguisa le tremblement qui menaçait de se manifester sous un enjouement de commande.
- Allons, allons, duc, mettez-moi sur la sellette; je vous y autorise, puisque je ne puis me défendre.
- Oh! vous y êtes, comtesse. écoutez-moi. J'ai donc remarqué que les yeux noirs scintillaient en touchant tel ou tel but; que les lèvres, si fines et si parlantes, avaient des sourires pleins de soupirs et de signification.
- Monsieur le duc!
- Toujours quand le même but se proposait, entendons-nous bien, je vous prie. Rien n'a été plus intéressant pour moi à étudier. Toute la soirée, je me suis délecté au jeu de cette adorable physionomie. Toute la nuit, j'ai senti vibrer à distance, comme si j'en eusse tenu tous les fils, ce cœur riche d'un trésor inappréciable, d'autant plus que vous en ignorez vous-même le prix, un cœur riche d'amour.
- Mon cœur, à moi!
- Votre cœur, à vous.
Louise appuya une main sur son cœur et pâlit.
- De grâce! madame, s'écria Richelieu, n'allez pas oublier un moment, je vous en conjure, que j'ai commencé la conversation par vous déclarer que nul n'est pour vous un ami plus sincère et plus dévoué que je n'ai l'honneur de l'être.
- De l'amour! répéta-t-elle en essayant l'ironie; de l'amour! Oh! monsieur, non ... non ...
- Madame, ne niez pas.
- Monsieur, je vous assure ...
- Madame, je ne me permettrais pas de vous interroger, et ne vous demande point, en conséquence, de rien avouer.
- Vous êtes un singulier visiteur, monsieur le duc, et je ne vous comprends pas, en vérité.
- Aurais-je eu le malheur de vous déplaire, madame?
- Vous piquez, je vous l'avoue, ma curiosité.
- C'est énorme déjà, madame. Je vous disais donc que votre aveu ne m'était pas nécessaire, puisque c'est moi qui viens vous faire une confidence. Tout au plus aurais-je besoin de votre acquiescement.
- A la bonne heure! Quant à ce que vous me disiez de vos observations ...
- Elles sont justes, madame.
- Fausses, duc, fausses!
- Là, là, madame; ne me réduisez pas à prouver.
- Fausses, vous dis-je!
- Pourquoi démentez-vous vos beaux yeux, votre beau sourire?
- Qu'est-ce qu'un regard? Un rayon de l'intelligence. Qu'est-ce qu'un sourire? Une fossette dans la joue.
- Madame, c'est le langage du cœur.
- Vous appelez un regard et un sourire le langage du cœur chez une femme oisive?
- Allons, ne démentez point maintenant votre cœur excellent et généreux.
- Voilà que vous vous en prenez à mon cœur, qui est froid comme pierre.
- Ah! vous me piquez: songez, comtesse, que j'ai à défendre un intérêt contre vous.
- Contre moi! un intérêt! Lequel?
- Celui du but dont je vous parlais tout à l'heure, celui du but vers lequel convergeaient hier à Rambouillet sourires et soupirs. Je ne parle plus des regards, puisque vous n'en voulez pas.
- Prouvez-moi!
- Je vous mets au défi, madame, de nier que vous aimez en ce moment quelqu'un! s'écria Richelieu avec énergie. Niez cela, et je descends de toute l'admiration que vous m'avez inspirée; niez cela, et je nie à mon tour votre élan de cœur, votre regard de feu, votre soupir plein d'enthousiasme; je vous nie et je me tais.
- Mais enfin, monsieur, dit Louise toute palpitante, qui aimé-je?
- Le roi, madame.
Et il laissa tranquillement tomber ces deux mots comme deux énormes montagnes sous le poids desquelles s'engloutirent en un instant les résolutions et les tentatives de mensonge de la femme. Elle tomba sur le dossier de son fauteuil, l'œil éteint, les lèvres décolorées, le front pâle.
Richelieu ne bougea pas de sa place.
- C'est affreux, murmura Louise, c'est affreux, monsieur le duc!
- Vous ne direz pas que je vous insulte, madame la comtesse, répliqua froidement le duc. Il n'est personne en ce monde qui soit plus digne d'être aimé de vous depuis que vous avez le droit de ne plus aimer votre mari.
Un coup l'avait terrassée, le second coup la releva.
Richelieu venait, par une habileté sans exemple, de lui donner l'avantage à ses propres yeux dans cette conversation.
Peu à peu Louise se ranima; la couleur reparut à ses joues, et le feu étincela de nouveau dans son regard.
- Je ne dis pas, monsieur le duc, fit-elle, que vous m'insultiez; je dis que vous me torturez le cœur, et cela bien cruellement.
- A Dieu ne plaise, madame la comtesse, que je me rende coupable d'un pareil crime! Vous torturer, moi? oh! non! Je vous ai conté votre propre histoire; seulement j'avais la certitude que vous l'ignoriez vous-même.
- Je l'ignore encore.
- Oui, je le crois, mais moi je ne l'ignore plus.
-Oh!
- Et je vous avertis, il est extrêmement naturel, il serait invraisemblable que, fait comme est le roi, vous ne l'aimassiez pas. - Monsieur le duc, ménagez-moi.
- Eh! madame, que fais-je donc? quel est mon rôle ici? non seulement je suis venu vous apporter un ménagement, mais encore un secours efficace.
Elle le regarda l'œil enflammé.
- Que voulez-vous dire? fit-elle.
- Voici en deux mots. J'ai vu, vous disais-je tout à l'heure, j'ai vu hier dans vos yeux l'esprit, dans votre cœur l'amour, dans votre âme la noblesse; j'ai deviné combien vous alliez souffrir de tout ce qui arrive.
- Qu'arrive-t-il?
- J'y viens. Le roi a aimé beaucoup la reine.
- Ah! Est-ce qu'il l'aime moins? fit-elle avec vivacité.
- Prenez garde à vos yeux, comtesse, interrompit le duc en souriant: ils viennent de laisser aller une vérité dans un éclair! Oui, madame, le roi aime un peu moins la reine, et, bien plus, il commence à aimer ailleurs.
-Ah!
- S'il n'aime pas, on lui fera croire qu'il aime ailleurs. Vous savez tout l'enthousiasme qu'excite autour de lui ce charmant roi dans sa cour.
- Oui! oui!
- Le roi a le cœur inflammable.
- Vous voulez dire qu'il aime quelqu'un, n'est-ce pas, monsieur le duc?
- Madame, cela pourrait arriver très vite, s'il vous regardait souvent, comme il en a eu l'occasion hier et comme il l'a fait.
La comtesse rougit.
- Oh! le roi m'a peu regardée, dit-elle.
- Le roi est distrait, et l'on cherche à le distraire plus encore. Tant de gens attireront ses yeux de droite et de
gauche, qu'il ne sera plus possible à sa Majesté d'avoir un regard vacant d'ici à deux mois.
- Pauvre prince! que d'amours fausses, que de mensonges avares, que de sensuelles amorces, cachant des trahisons!
- Votre cœur vient de parler avec une philosophie dont je vous croyais tout à fait capable, madame. J'ai réfléchi comme vous, tout d'abord, à ce danger que court le roi d'être trompé, et au danger que vous courez vous-même.
- Moi! un danger?
- Oui, sans aucun doute.
- Je ne vois pas lequel.
- Mais, pardon, madame, n'est-il pas convenu là, tout à l'heure, entre nous deux, que vous aimez le roi?
- Méchant homme! s'écria Louise avec des larmes dans les yeux.
- Méchant, soit, mais logique. Nous sommes bien convenus de ce fait. Or, si vous aimez Sa Majesté, trouverez-vous plaisant de voir le roi aimer d'autres femmes?
- Homme brutal!
- Brutal! soit encore, mais de plus en plus logique, vous le comprenez. Donc, si vous aimez le roi, si vous êtes blessée de le voir passer à d'indignes amours, pensez-vous qu'il vous faille travailler à vous faire aimer du roi, vous qui le pouvez sauver en vous faisant heureuse.
- Monsieur, oh! monsieur.
Et Louise cacha son visage dans ses mains.
- Madame, croyez bien que si je ne vous estimais pas par-dessus toutes choses, je ne serais point venu pour parler avec cette franchise. Vous n'y devez sentir rien que le désir arrêté de vous interdire toute faute, que la volonté ferme de vous faire réussir en tout dessein. Avec une femme de moindre valeur, je ne me fusse pas dérangé, ou j'eusse fait de la diplomatie. A vous, je dis franc et net:
«Femme belle, aimante, généreuse, et digne d'être aimée par un charmant prince, par un grand roi, voulez-vous prendre votre place ou l'abandonner à d'indignes femmes qui la guettent? Répondez! Pas de larmes, pas de puérile rougeur, pas d'émotion de pensionnaire: s'il s'agissait d'être reine de France ... je n'en chercherais pas moins votre réponse ... mais la place est prise. Il ne reste, hélas! à prendre que la seconde; mais elle peut devenir la première. En voulez-vous?»
étourdie, atterrée, écrasée, Louise se levait et retombait alternativement sur son siège, en proie à un désespoir, à une fièvre qui finirent par émouvoir l'âme impassible de Richelieu.
- Madame, dit-il, je m'étais trompé, je vous croyais un ferme caractère; excusez-moi, et oubliez, je vous en prie ce que je vous ai dit; de tout cela, il ne me reste qu'un regret bien vif, de vous avoir pu offenser en vous tenant un langage que vous n'avez pas compris tel que je vous l'adressais.
Le duc se leva le plus respectueusement du monde, et vint devant elle faire sa révérence.
Elle était baignée de larmes. Elle tremblait comme une fauvette hors du nid après un premier orage de mai.
Mais enfin, voyant que le duc, impitoyable, se préparait à sortir:
- Monsieur, dit-elle, n'abusez pas du secret d'une femme qui aime, puisque vous prétendez avoir découvert son amour!
Le duc revint à Mme de Mailly, fléchit un genou devant elle, et baisa, comme s'il adorait une sainte, la froide main qui pendait hors du fauteuil.
- Me voici tout à vous, dit-il; remettez-vous, madame; je suis vôtre, encore une fois, jusqu'à la mort. Parlez, je vous écoute.



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1998-2010
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