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Chapitre XXIX
Jalousie

La première sensation qu'éprouva d'Harmental en rentrant chez lui fut un sentiment de bien-être indéfinissable de se retrouver dans cette petite chambre dont chaque meuble lui rappelait un souvenir. Quoique absent depuis six semaines de son appartement, on eût dit qu'il l'avait quitté la veille, tant, grâce aux soins presque maternels de la bonne madame Denis, chaque chose se retrouvait à sa place. D'Harmental resta un instant, sa bougie à la main regardant tout autour de lui avec une expression qui ressemblait presque à de l'extase ; c'est que toutes les autres impressions de sa vie s'étaient effacées devant celles qu'il avait ressenties dans ce petit coin du monde. Puis, ce premier moment passé, il courut à sa fenêtre, l'ouvrit et essaya de plonger un indicible regard d'amour à travers les vitres sombres de sa voisine. Sans doute Bathilde dormait de son sommeil d'ange, ignorant que d'Harmental était revenu, qu'il était là, regardant sa fenêtre, tout frissonnant d'amour et d'espérance, comme si, chose impossible, cette fenêtre allait s'ouvrir et lui parler !
D'Harmental demeura ainsi plus d'une demi-heure, respirant à pleine poitrine l'air de la nuit, qui ne lui avait jamais semblé si pur et si frais, et reportant les yeux de cette fenêtre au ciel et du ciel à cette fenêtre. D'Harmental alors seulement comprit combien Bathilde était devenue un besoin de sa vie, et combien l'amour qu'il éprouvait pour elle était profond et puissant.
Enfin d'Harmental comprit qu'il ne pouvait passer la nuit tout entière à sa fenêtre, et, refermant sa croisée, il entra chez lui ; mais ce fut pour se remettre à cette recherche de souvenirs qu'avait fait naître en son coeur son retour dans sa petite chambre. Il ouvrit son piano, un peu désaccordé par sa longue absence, et fit rouler ses doigts sur les touches, au risque d'exciter de nouveau la colère du locataire du troisième. Du piano, il passa au carton où était renfermé le portrait inachevé de Bathilde. Le pastel en était un peu effacé, mais c'était bien toujours la belle et chaste jeune fille, et la folle et capricieuse petite tête de Mirza. Tout était comme il l'avait quitté, à cette légère touche de destruction près que laisse toujours le temps sur les objets qu'en passant il effleure du bout de l'aile. Enfin, après s'être arrêté encore une dernière fois devant chaque objet, pressé par ce sommeil toujours si puissant à une certaine époque de la vie, il se coucha et s'endormit en repassant dans sa mémoire l'air de la cantate chantée par mademoiselle Bury, dont il finit par faire, dans ce vague crépuscule de la pensée qui précède un complet assoupissement, une seule et même personne avec Bathilde.
En s'éveillant, d'Harmental bondit hors de son lit et courut à la fenêtre. La journée paraissait assez avancée :
le soleil était magnifique ; et cependant, malgré ces séductions si puissantes, la fenêtre de Bathilde était hermétiquement fermée. D'Harmental regarda à sa montre : il était dix heures.
Le chevalier se mit à sa toilette. Nous avons déjà avoué qu'il n'était point exempt d'une certaine coquetterie un peu féminine ; ce n'était point sa faute, mais celle de l'époque, où tout était manière, même la passion. Mais cette fois ce n'était pas sur l'expression de mélancolie de son visage qu'il comptait ; c'était sur la franche joie du retour, qui donnait à tous ses traits un caractère de bonheur admirable : il était évident que d'Harmental n'attendait qu'un regard de Bathilde pour se couronner roi de la création.
Ce regard il vint le chercher à la fenêtre ; mais celle de Bathilde était toujours fermée. D'Harmental ouvrit alors la sienne, espérant que le bruit attirerait les regards de sa voisine : rien ne bougea. Il y resta une heure : pendant cette heure aucun souffle ne vint même agiter les rideaux ; on eût dit que la chambre de la jeune fille était abandonnée. D'Harmental toussa, d'Harmental ferma et rouvrit la fenêtre, d'Harmental détacha de petites parcelles de plâtre du mur et les jeta contre les carreaux : tout fut inutile.
Alors, à la surprise succéda l'inquiétude ; cette fenêtre, si obstinément close, devait indiquer au moins une absence, sinon un malheur. Bathilde absente, où pouvait être Bathilde ? quel événement avait eu l'influence de déplacer de son centre cette vie si calme, si douce, si régulière ? A qui demander ? à qui s'informer ? Il n'y avait que la bonne madame Denis qui pût savoir quelque chose. Il était tout simple que d'Harmental, de retour dans la nuit, fît le lendemain une visite à sa propriétaire : d'Harmental descendit chez madame Denis.
Madame Denis n'avait pas vu son locataire depuis le jour du déjeuner ; elle n'avait point oublié les soins que d'Harmental avait donnés à son évanouissement : elle le reçut donc comme l'enfant prodigue.
Heureusement pour d'Harmental, mesdemoiselles Denis étaient occupées à leur leçon de dessin, et monsieur Boniface était chez son procureur ; de sorte qu'il n'eut affaire qu'à sa respectable hôtesse. La conversation tomba tout naturellement sur l'ordre, le soin, la propreté, maintenus dans la petite chambre en l'absence de celui qui l'occupait. De là à demander si pendant cette absence le logement d'en face avait changé de locataire, la transition était simple et facile ; aussi la question, posée sans affectation, amena-t-elle une réponse exempte de doute. La veille, au matin, madame Denis avait encore vu Bathilde à sa fenêtre, et la veille, au soir, monsieur Boniface avait rencontré Buvat rentrant de son bureau ; seulement le troisième clerc de Me Joullu avait remarqué sur la figure du digne écrivain un air de majestueuse hauteur, que l'héritier du nom des Denis avait d'autant plus remarqué que cet air était d'autant moins habituel à la physionomie de son digne voisin.
C'était tout ce que d'Harmental voulait savoir, Bathilde était à Paris, Bathilde était chez elle. Sans doute le hasard n'avait point encore dirigé les regards de la jeune fille vers cette fenêtre que depuis si longtemps elle avait vue fermée, vers cette chambre que depuis si longtemps elle savait vide. D'Harmental remercia de nouveau madame Denis pour toutes les bontés de son absence, qu'il espérait bien lui voir reporter sur son retour, et prit congé de sa bonne propriétaire avec une effusion de reconnaissance que celle-ci fut bien loin d'attribuer à sa véritable cause.
Sur le palier, d'Harmental rencontra l'abbé Brigaud qui venait faire sa visite quotidienne à madame Denis. L'abbé demanda au chevalier s'il remontait chez lui, et, sur sa réponse affirmative, lui annonça qu'en sortant de chez madame Denis, il grimperait jusqu'à son quatrième étage. D'Harmental, qui ne comptait pas sortir de la journée, lui promit de l'attendre.
En rentrant chez lui, d'Harmental alla droit à la fenêtre.
Rien n'était changé chez sa voisine : les rideaux scrupuleusement tirés interceptaient jusqu'à la plus petite ouverture par laquelle le regard pouvait pénétrer. Décidément c'était un parti pris. D'Harmental résolut d'employer un dernier moyen qu'il avait réservé pour sa suprême ressource : il se mit à son piano, et, après un brillant prélude, chanta, sur un accompagnement de sa façon, l'air de la cantate de la Nuit, qu'il avait entendue la veille, et qui, depuis la première jusqu'à la dernière note, était restée dans son souvenir. Mais quoique, tout en chantant, son regard ne perdît point de vue l'inexorable fenêtre, tout resta muet et immobile ; la chambre d'en face n'avait plus d'écho.
Mais en manquant l'effet auquel il s'attendait, d'Harmental en avait produit un autre auquel il ne s'attendait pas. En achevant la dernière mesure, il entendit des applaudissements retentir derrière lui, il se retourna et aperçut l'abbé Brigaud.
- Ah ! c'est vous l'abbé ! dit d'Harmental en se levant et en allant fermer vivement sa fenêtre. Diable ! je ne vous savais pas si grand mélomane.
- Ni vous si bon musicien. Peste ! mon cher pupille, une cantate que vous avez entendue une fois, c'est merveilleux !
- L'air m'a paru fort beau, l'abbé, voilà tout, dit d'Harmental ; et comme j'ai au plus haut degré la mémoire des sons, je l'ai retenu.
- Et puis, il était si admirablement chanté, n'est-ce pas, reprit l'abbé.
- Oui, dit d'Harmental, cette demoiselle Bury a une admirable voix, et la première fois que son nom sera sur l'affiche, je me suis déjà promis d'aller incognito à l'Opéra.
- Est-ce la voix que vous désirez entendre ? demanda Brigaud.
- Oui, dit d'Harmental.
- Alors, il ne faut point aller à l'Opéra pour cela.
- Et où faut-il aller ?
- Nulle part : restez ici, vous êtes aux premières loges.
- Comment ! la déesse de la Nuit ?
- C'était votre voisine.
- Bathilde ! s'écria d'Harmental, je ne m'étais donc pas trompé, je l'avais reconnue ! Oh ! mais c'est impossible, l'abbé ; comment se fait-il que Bathilde ait été cette nuit chez madame la duchesse du Maine ?
- D'abord, mon cher pupille, rien n'est impossible dans le temps où nous vivons, répondit Brigaud ; mettez-vous bien d'abord cela dans la tête avant de rien nier ou de rien entreprendre ; croyez à la possibilité de tout c'est le moyen sûr d'arriver à tout.
- Mais enfin, comment la pauvre Bathilde ?...
- Oui, n'est-ce pas que cela paraît étrange au premier abord ? Eh bien ! cependant, rien n'est plus simple au fond. Mais l'histoire ne doit pas autrement vous intéresser, n'est-ce pas, chevalier ? Ainsi parlons d'autre chose.
- Si fait, l'abbé, si fait, dit d'Harmental ; vous vous trompez étrangement, et l'histoire au contraire m'intéresse au suprême degré.
- Eh bien ! mon cher pupille, puisque vous êtes si curieux, voilà toute l'affaire. L'abbé de Chaulieu connaît mademoiselle Bathilde ; n'est-ce pas ainsi que vous appelez votre voisine ?
- Oui ; mais comment l'abbé de Chaulieu la connaît-il ?
- Oh ! d'une façon toute naturelle. Le tuteur de cette charmante enfant est, comme vous le savez ou comme vous ne le savez pas, un des copistes de la capitale qui possèdent un des plus beaux points d'écriture.
- Bon ! après.
- Eh bien ! après, comme monsieur de Chaulieu a besoin de quelqu'un qui recopie ses poésies, attendu que devenant aveugle, comme vous avez pu le voir, il est forcé de les dicter, à mesure qu'elles lui viennent, à un petit laquais qui ne sait pas même l'orthographe, il s'est adressé au bonhomme Buvat pour lui confier cette importante besogne, et par le bonhomme Buvat il a fait la connaissance de mademoiselle Bathilde.
- Mais tout cela ne me dit pas comment mademoiselle Bathilde se trouvait chez madame la duchesse du Maine.
- Attendez donc, toute histoire a son commencement, son noeud et sa péripétie, que diable !
- L'abbé, vous me faites damner.
- Patience, mon Dieu ! patience !
- J'en ai. Allez, je vous écoute.
- Eh bien ! ayant fait la connaissance de mademoiselle Bathilde, le bon Chaulieu a subi, comme les autres l'influence du charme universel, car vous saurez qu'il y a une espèce de magie attachée à la jeune personne en question, et qu'on ne peut la voir sans l'aimer.
- Je le sais, murmura d'Harmental.
- Donc, comme mademoiselle Bathilde est pleine de talents, et que non seulement elle chante comme un rossignol, mais encore qu'elle dessine comme un ange, le bon Chaulieu a parlé d'elle avec tant d'enthousiasme à mademoiselle Delaunay, que celle-ci a pensé à lui faire faire les costumes des différents personnages qui jouaient un rôle dans la fête qu'elle préparait, et à laquelle nous avons assisté hier soir.
- Tout cela ne me dit pas que c'était Bathilde et non mademoiselle Bury qui chantait la cantate de la Nuit.
- Nous y sommes.
- Enfin !
- Or, il est arrivé pour mademoiselle Delaunay ce qui arrive pour tout le monde : mademoiselle Delaunay a pris en amitié la petite magicienne. Au lieu de la renvoyer après lui avoir fait dessiner les costumes en question, elle l'a gardée trois jours à Sceaux. Elle y était donc encore avant-hier enfermée avec mademoiselle Delaunay, dans sa chambre, lorsqu'on vint d'un air tout effaré annoncer à votre chauve-souris que le régisseur de l'Opéra la faisait demander pour une chose de la première importance. Mademoiselle Delaunay sortit, laissant Bathilde seule. Bathilde, restée seule, s'ennuya, et, comme mademoiselle Delaunay tardait à rentrer, Bathilde, pour se distraire, se mit au piano, commença par quelques accords, chanta deux ou trois gammes ; puis, trouvant le piano juste, et se sentant en voix, commença un grand air, je ne sais plus de quel opéra, et cela avec tant de perfection, que mademoiselle Delaunay en entendant ce chant auquel elle ne s'attendait pas, entrouvrit doucement la porte, écouta le grand air jusqu'au bout, et lorsqu'il fut fini, vint se jeter au cou de la belle chanteuse en lui criant qu'elle pouvait lui sauver la vie. Bathilde étonnée demanda en quoi et de quelle façon elle pouvait lui rendre un si grand service. Alors mademoiselle Delaunay lui raconta comme quoi mademoiselle Bury de l'Opéra s'était engagée à venir chanter le lendemain à Sceaux la cantate de la Nuit, et comme quoi s'étant trouvée gravement indisposée le jour même, elle faisait dire, à son grand regret, à Son Altesse Royale madame du Maine, qu'elle la suppliait de ne pas compter sur elle ; si bien qu'il n'y avait plus de Nuit, et par conséquent plus de fête si Bathilde n'avait l'extrême obligeance de se charger de la susdite cantate. Bathilde, comme vous devez bien le penser, se défendit de toutes ses forces ; elle déclara qu'elle ne pouvait chanter ainsi de la musique qu'elle ne connaissait pas. Mademoiselle Delaunay posa la cantate devant elle. Bathilde dit que cette musique lui paraissait horriblement difficile. Mademoiselle Delaunay répondit que rien n'était difficile pour une musicienne de sa force. Bathilde voulut se lever, mademoiselle Delaunay la força de se rasseoir. Bathilde joignit les mains, mademoiselle Delaunay les lui sépara et les posa sur le piano ; le piano touché rendit un son. Bathilde, malgré elle, déchiffra la première mesure, puis la seconde, puis toute la cantate. A la seconde fois, elle attaqua le chant et le chanta jusqu'au bout avec une justesse d'intonation et un caractère d'expression admirables. Mademoiselle Delaunay était dans le délire.
Madame du Maine arriva à son tour, désespérée de ce qu'elle venait d'apprendre à l'endroit de mademoiselle Bury. Mademoiselle Delaunay pria Bathilde de recommencer la cantate. Bathilde n'osa refuser ; elle joua et chanta comme un ange. Madame du Maine joignit ses prières à celles de mademoiselle Delaunay. Le moyen de refuser quelque chose à madame du Maine ! Vous le savez, chevalier, c'est impossible. La pauvre Bathilde fut donc forcée de se rendre, et toute honteuse, toute confuse, moitié riant, moitié pleurant, elle consentit à ce qu'on voulut, à deux conditions : la première c'est qu'elle irait dire elle-même à son bon ami Buvat la cause de son absence passée et de son absence future ; la seconde qu'elle resterait chez elle toute la soirée du jour et toute la matinée du lendemain, afin d'étudier la malheureuse cantate qui venait faire un si malencontreux déplacement dans toutes ses habitudes. Ces clauses furent débattues de part et d'autre, et accordées sous serment réciproque : serment de la part de Bathilde qu'elle serait de retour le lendemain à sept heures du soir ; serment de la part de mademoiselle Delaunay et de madame du Maine, que tout le monde continuerait de croire que c'était mademoiselle Bury qui avait chanté.
- Mais alors, demanda d'Harmental, comment ce secret a-t-il été trahi ?
- Ah ! par une circonstance parfaitement inattendue, reprit Brigaud avec cet air d'étrange bonhomie qui faisait qu'on ne pouvait jamais deviner s'il raillait ou s'il parlait sérieusement. Tout avait été à merveille, comme vous avez pu le voir, jusqu'à la fin de la cantate, et la preuve, c'est que ne l'ayant entendue qu'une fois, vous l'avez cependant retenue depuis un bout jusqu'à l'autre ; lorsqu'au moment où la galère qui nous ramenait du pavillon de l'Aurore au rivage touchait terre, soit émotion d'avoir ainsi chanté pour la première fois en public, soit qu'elle eût reconnu parmi les suivants de madame du Maine quelqu'un qu'elle ne s'attendait pas à voir en si bonne compagnie ; sans que personne pût deviner pourquoi enfin, la pauvre déesse de la Nuit poussa un cri et s'évanouit dans les bras des Heures ses compagnes. Dès lors tous les serments faits furent oubliés, toutes les promesses engagées mises à néant. On la débarrassa de son voile pour lui jeter de l'eau au visage ; de sorte que lorsque j'accourus, tandis que vous vous éloigniez, vous, en donnant le bras à Son Altesse, je fus fort étonné, au lieu et place de mademoiselle Bury, de reconnaître votre jolie voisine. J'interrogeai alors mademoiselle Delaunay, et, comme il n'y avait plus moyen de garder l'incognito, elle me raconta ce qui s'était passé, toujours sous le sceau du secret, que je trahis pour vous seul mon cher pupille, et parce que, je ne sais pourquoi, je ne sais rien vous refuser.
- Et cette indisposition, demanda d'Harmental avec inquiétude.
- Ce n'était rien, un éblouissement momentané, une émotion passagère qui n'a pas eu de suite, puisque, quelque prière qu'on ait pu lui faire, Bathilde n'a pas même voulu rester une demi-heure de plus à Sceaux, et qu'elle a demandé avec tant d'instances à revenir chez elle, qu'on a mis une voiture à sa disposition, et qu'une heure avant nous elle devait être de retour.
- De retour ? Ainsi vous êtes sûr qu'elle est de retour ? Merci, l'abbé ; voilà tout ce que je voulais savoir, voilà tout ce que je voulais vous demander.
- Et maintenant, dit Brigaud, je peux m'en aller, n'est-ce pas ? vous n'avez plus besoin de moi, vous savez tout ce que vous vouliez savoir ?
- Je ne dis pas cela mon cher Brigaud ; au contraire, restez, vous me ferez plaisir.
- Non, merci ; j'ai moi-même un tour à faire par la ville. Je vous laisse à vos réflexions, mon très cher pupille.
- Et quand vous reverrai-je, l'abbé ? demanda machinalement d'Harmental.
- Mais demain probablement, répondit l'abbé.
- A demain, alors.
- A demain.
Sur quoi l'abbé, riant de ce rire qui n'appartenait qu'à lui, gagna la porte de la chambre, tandis que d'Harmental rouvrait sa fenêtre, décidé à y rester en sentinelle jusqu'au lendemain s'il le fallait, ne dût-il, pour prix d'une longue station, entrevoir Bathilde qu'un instant, une seconde.
Le pauvre gentilhomme était amoureux comme un étudiant.

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